18 avril 2009

Elections européennes : "Qui ne dit mot consent"

Les français sont des gens étonnant ! Alors qu'ils sont unanimes pour condamner la politique du gouvernement, ils voteraient majoritairement pour les listes de ... l'UMP

C'est Le Parisien qui nous l'apprend sur son site

Selon un sondage* OpinionWay réalisé pour Le Figaro et LCI, l'UMP conserve son avance dans les intentions de vote aux prochaines européennes de juin. Le parti de Nicolas Sarkozy est crédité de 28% des suffrages, contre 23% pour le PS. Le MoDem reste troisième avec 12% des voix, à deux points seulement des listes Europe Ecologie de Daniel Cohn-Bendit et José Bové. 7% des électeurs se porteraient vers le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot. A droite, le Front national et Libertas, l'association du mouvement de Philippe de Villiers et des chasseurs, sont crédités respectivement de 6 et de 5% des intentions de vote.

Bon, OpinionWay et le Figaro nous ont bien souvent donné des résulats "agréables" à lire pour le pouvoir en place. Néanmoins, ce que le sondage n'indique pas ce sont les intentions de ... se rendre aux urnes. et là mes amis, comme disait Brice de Nice : "ça casse"

Le monde politique européen vit, à l'approche des élections européennes de juin prochain, une angoisse aux sueurs froides tant l'abstention s'annonce forte. Près de 70% de taux d'abstention prédisent les sondages. Historique ! Un vent de panique souffle sur le «bateau» Europe, comme le décrit bien Continental News

Plus de la moitié des Européens ne font pas confiance en leurs institutions. Le Parlement européen récolte à peine 45% d'indice de confiance et la Commission 42%. Face à un tel désintéressement des peuples européens à la chose politique et à l'importance de l'acte électoral, les états- majors des partis politiques paniquent et multiplient les réunions pour éviter la «débâcle». Ce ne sera pas facile, d'autant plus que les mêmes sondages indiquent que seuls 16% des personnes interrogées connaissent la date du vote.

Ce qui signifie en gros que les élus vont probablement l'être avec, au mieux, moins de 50% des votants.

Belle légitimité !!!

Pour ceux qui continuent à croire dans la politique de notre Président, nous leur offrons l'affiche officielle mise au point par l'UMP (avec votre argent ne l'oubliez pas).

Pas vraiment certain que ça donne envie à tous les autres. Nous espérons pourtant que ceux qui s'opposent à la politique menée par le Président, son gouvernement et sa majorité n'oublieront pas de se déplacer pour voter afin que ceux-ci ne puissent pas continuer à prétendre que sa "victoire" est la confirmation que les français approuvent sa politique.

Plus que jamais, en pensant au massacre du code du travail, au bouclier fiscal, à la précarité grandissante et à la colère qui monte, la phrase : "Qui ne dit mot consent" n' a jamais été autant d'actualité !!!!

17 avril 2009

Absentéisme à l'Assemblée : les députés pris en défaut ... d'activité

On a énormément parlé du vote sur la loi "HADOPI" dont le Président exigeait son application. On a aussi beaucoup rit en apprenant que les députés de la majorité étaient en réunion, au restaurant ou dans leurs circonscriptions.

Si les députés socialistes leur ont joué un bon tour, nous conseillons au PS de faire participer systématiquement au moins les 2/3 de leurs élus à chaque vote, ce qui n'est malheureusement pas le cas actuellement.

C'est vrai qu'un député a une circonscription et qu'il se doit d'y exercer son mandat. Néanmoins, la gratuité des transports leur permettant de traverser le pays facilement et le caractère national que leur confère le mandat exige une participation effectives aux débats sur la vie de la nation.

C'est aussi vrai que nombre de députés sont également maires ou occupent des fonctions territoriales qui sont, nous le pensons de plus incompatibles avec le rôle d'un élu national.

En clair "Stop au cumul" des mandats cannibale en temps et stérile en efficacité.

Ainsi, on a pu lire ou entendre les savoureuses déclarations de Bernard Acoyer le Président de l'Assemblée Nationale essayant de justifier l'injustifiable

"La polémique qui est aujourd'hui ouverte, cet hallali, ne me paraît absolument pas justifié", a déclaré le président de l'Assemblée qui s'est dit préoccupé "de façon particulièrement intense" par "la campagne d'antiparlementarisme qui se développe autour de l'absentéisme parlementaire". "Les parlementaires travaillent, ils travaillent beaucoup et d'ailleurs s'ils ne travaillaient pas (...) ils seraient sanctionnés par leurs électeurs", a assuré M. Accoyer.

"Toutes les voix qui critiquent le travail parlementaire d'une façon ou d'une autre viennent braquer un regard négatif sur les parlementaires que j'entends défendre", a rétorqué Bernard Accoyer interrogé sur les propos de Xavier Bertrand. Le règlement prévoit que les députés ne peuvent manquer plus du tiers des votes ou des réunions de commission, sous peine de se voir retirer un tiers de leur indemnité, mais ces dispositions ne sont pas appliquées.

Pour M. Accoyer, les sanctions prévues ne sont "pas applicables", notamment en raison d'une "absence de programmation" du travail parlementaire. "Le règlement n'est pas très bien adapté (...) il n'est pas suffisamment précis. Il faut qu'on y travaille", a de son côté déclaré Jean-François Copé devant les journalistes - Source AP/Yahoo

Quelle est la part de vérité dans ces propos ?

Vincent Nouzille, journaliste et co-auteur de " Députés sous influence, le vrai pouvoir des lobbies à l’Assemblée nationale ", vient de publier une liste nominative des députés fantômes, sur le site LesInfos.com. Sur cette liste, on trouve nom par nom, le nombre d'interventions en séance, en commission mais aussi le nombre de rapports, de propositions de loi et de questions émises par chaque député, depuis juillet 2007.

Alors si vous avez envie de voir si votre député "travaille beaucoup ou pas du tout" allez voir la liste, ce sera toujours utile pour les prochaines législatives ....

Remerciement à Vincent Nouzille
Source
Le Post

UMP : Cafouillages et petits bricolages en ligne ?

C'est amusant de penser qu'aujourd'hui encore, des partis politiques essayent de modifier leurs déclarations ou écrits sur le Web. Cette fois-ci c'est l'UMP qui nous le montre clairement.

L'activité principale des responsables de l'UMP consisite à surveiller quotidiennement le Parti Socialiste afin de trouver la "petite" phrase qui doit leur permettre de prouver que celui-ci affiche des désaccords de plus en plus importants. Jusque là rien de nouveau sous le soleil, puisque cette "méthode" est utilisée depuis que la politique existe.

Seulement, lorsqu'on joue à ce vilain jeu, il faut être exemplaire et prouver que l'unanimité règne dans ses propres rangs et surtout assumer ses faits, gestes et déclarations.

En matière d'unité et de discipline, l'UMP nous donne une grande leçon au travers de son dernier bulletin diffusé par Emailing. Traumatisés par le "loupé" HADOPI, on s'attendait à un communiqué unitaire. Or à lire les déclarations, on se demande qui tient le "manche" et pourquoi les textes sont tronqués une fois mis en ligne ?

Xavier Bertrand sur le site de l'UMP

Xavier Bertrand veut sanctionner les "députés invisibles" - Dans une interview accordée sur Europe 1, le 15 avril, Xavier Bertrand s’est dit favorable à des sanctions financières pour les députés invisibles.

Suite au trop grand nombre de députés absents lors du vote du projet de loi sanctionnant le piratage sur Internet, le secrétaire général de l’UMP a affirmé la nécessité de sanctionner les « députés invisibles » . S’il est vrai que les députés travaillent beaucoup en commission, en amont des séances, il n’en demeure pas moins qu’il existe un règlement leur imposant d’être présents dans l’hémicycle, a-t-il rappelé. Il faut donc revoir le règlement intérieur de l’Assemblée nationale afin de permettre aux députés de l’appliquer plus facilement. « Je ne suis pas de ceux qui font des députés des mauvais élèves. Un député, ça travaille et ça travaille beaucoup et leur travail est éminemment respectable » mais « il y en a que vous ne voyez jamais et ce n’est pas normal », a-t-il poursuivi. Xavier Bertrand préconise donc de prendre des sanctions financières à l’encontre de ces députés qui désertent autant la droite que la gauche de l’hémicycle. Source UMP

Bon, à défaut d'y croire, les français noteront que les propos sont clairs. De son côté, le nouveau titulaire du "Big Brother Award" : Frédéric Lefebvre aurait déclaré :

Interrogé sur le rejet de la loi Hadopi la semaine dernière, Frédéric Lefebvre a affirmé que l’absentéisme était un faux débat. Le porte-parole de l’UMP s’est cependant dit ouvert à la mise en place de nouvelles méthodes de travail parlementaire. "Au moment où on est en train de refaire le règlement de l'Assemblée, notre intérêt est de voir comment travaillent les autres parlements européens. La question des jetons de présence, la question des incitations, tout cela fait partie d'un débat qui concerne globalement le fonctionnement du Parlement" a-t-il précisé. Source UMP

Ces deux textes ont été publiés en même temps sur le site de l'UMP et font partie des textes proposés par l'Emailing.

Or la déclaration exacte du député Lefebvre était la suivante : "On parle beaucoup de sanctions financières, moi je n'aime pas tellement ce type de méthodes", a ajouté le député. "Au moment où on est en train de refaire le règlement de l'Assemblée, notre intérêt est de voir comment travaillent les autres parlements européens. La question des jetons de présence, la question des incitations, tout cela fait partie d'un débat qui concerne globalement le fonctionnement du Parlement". Sources : Le Matin/AFP - Le Post - Orange Actu

Et bizarrement, les responsables de la mise en ligne du site UMP ont supprimé "On parle beaucoup de sanctions financières, moi je n'aime pas tellement ce type de méthodes" ce qui, vous l'avouerez, change totalement son sens et contredit les propos du "chef"

Néanmoins, il faut dire que sa faible présence dans l’hémicycle risquerait de lui coûter fort cher au cas où les propositions de Xavier Bertrand venaient par miracle à être appliquées, comme le montrait une vidéo disponible sur Arrêt sur image

seul endroit, désormais, avec les archives LCI où elle est visible. Car, il faut savoir que tous les autres sites la proposant à partir de Daily Motion (qui était la source principale de la diffusion) n'affichent plus que "Contenu rejetté .... "


Que ceux qui croient à une intervention extérieure se rassurent, c'est probablement une erreur, très certainement ...

16 avril 2009

Vendredi, c'est la fin de la semaine et c'est ... le jour de l'Hebdo

Qu'est ce vous faites demain ?

Il est clair que vous avez certainement en tête les deux jours du Week-end de façon à oublier un peu le petit chef du bureau, les "bons" mots du Président ou de son Lefebvre préféré.

Vous allez probablement prendre le temps de lire et décrypter tout ce que vous avez "entendu, vu ou entendu causer" (à la manière de Cavana) Et bien demain matin offrez-vous tout ça en faisant l'acquisition de Vendredi l'Hebdo le journal fait par des citoyens blogueurs.

En attendant, Slovar les Nouvelles vous donne en avant première les sujets d'actualité qui ont fait le buzz et sont dans les pages du numéro 25.

Comme aurait pu dire Serge Moati : "Vous êtes décidément bien sur Slovar"

Cette semaine, les sujets d’actualité qui ont fait le buzz :

Les pirates ne sont ceux que l'on croit
Sur huffingtonpost.com, Johann Hari défend une thèse bien différente de celle de l’opinion concernant la piraterie, de plus en plus présente au large de la Somalie …

Les caquètements de la reprise
Analyse des premières déclarations « d'experts » parlant de la reprise. Vendredi Hebdo s’interroge sur la fiabilité et les intentions de ces experts.

Le gazouillis moldave
Après la révolution des roses en Georgie et la Révolution Orange en Ukraine, la presse française et internationale tenait un sujet croustillant : la révolution « Twitter » en Moldavie …

Les blogueurs en Iran
L’Iran a une communauté de blogueurs très dynamique d’environ 60 000 blogs en activité, sur approximativement 20 millions de personnes connectées à Internet. Tout aussi dynamique est le filtrage du gouvernement des contenus accessibles en ligne …

Manip sur Wikipedia
Vendredi Hebdo propose une enquête de Mikkel Borch-Jacobsen, professeur de littérature à l’université de Washington, publiée en complément Web d’un dossier sur le scandale de l’industrie pharmaceutique paru dans le numéro d’avril du magazine Books.

Avec la crise, les vertus du modèle français commencent à faire recette outre-Atlantique
Joe Conasson, correspondant pour le New York Observer et chroniqueur prolifique de la presse anglo-saxon, s’interroge sur la pertinence du modèle social américain par rapport à celui mis en place en Europe …

L'univers impitoyable des intellos précarisés
« 50% des RMIstes parisiens exercent une activité artistique ou intellectuelle » : voici un des chiffres très parlant mis en avant par Aude Lancelin dans une note de lecture ...

A lire aussi cette semaine : Différents points de vue sur la disparition du monde ouvrier en France, l’annonce d’une reprise du mouvement de contestation sur les blogs guadeloupéens, l’œil du Mulot avec les articles les plus croustillants publiés cette semaine sur Internet, la chronique de Guy Birenbaum, le Troll plus féroce que jamais …

Un petit rappel à tous ceux qui nous font l'amitié de lire et de commenter les articles publiés par Slovar les Nouvelles : Ce n'est pas parce que ces gens ont un site Web gratuit qu'il ne faut pas acheter le journal "papier" qui lui est payant, sinon la sanction sera immédiate : Pas de fric plus de journal.

Un rappel (bis) à ceux qui pensent lire gratuitement le numéro en ligne : Ce n'est pas possible. Pour une fois pas question d'être radin. A moins de piquer le numéro de quelqu'un qui l'a acheté. Mais personne ne fais jamais ça :-))

A vous de voir !!!

Vendredi L'Hebdo
http://www.vendredi.info

Peopleries et santé : Roselyne Bachelot remet la "croix de chevalier des Arts et Lettres" à Liane Foly

La vie de la vibrionnante Roselyne Bachelot notre ministre de la santé et des sports n'est pas de tout repos.

Elle doit faire face à une nouvelle révoltes des hospitaliers : C’est un "appel des 25" qui fait déjà du bruit. Paru aujourd’hui dans le Nouvel Observateur, 25 chefs de service renommés des hôpitaux parisiens dénoncent une "médecine mercantile" mise en avant par le projet de loi Bachelot. André Grimaldi dénonce dans le texte de la ministre l’application "presque à la lettre (...) d’une gestion commerciale", une gestion contraire "à la qualité des soins". On donne tous les pouvoirs à un directeur d’hôpital "qui va dirigerselon un critère de pure rentabilité". D’ores et déjà, selon ce critère, le diabétologue signale que sur la France ce sont "20.000 emplois qui devraient être supprimés".

André Grimaldi explique que nombre de services, jugés non rentables, risquent ainsi d’être fermés, conduisant ainsi à un appauvrissement des services de santé offerts aux usagers. Très remontés, les médecins hospitaliers menacent aujourd’hui de "démissionner" si cette loi n’est pas amendée. Une manifestation est par ailleurs prévue le 28 avril et "pour la première fois, ajoute le diabétologue, on verra les médecins et le personnel non-médical côte-à-côte" - Source France Info

La toujours aussi énergique Roselyne a immédiatement pris une mesure importante, puisqu'elle vient de ... décorer, le 14 avril, de la croix de "chevalier des Arts et Lettres" la chanteuse-imitatrice-actrice Liane Foly. Pour ceux que les peopleries amusent, étaient, entre autres, présents : Jean-François Copé, Patrick Sabatier, Bernard Montiel, Jacques Séguela, ... en bref la Sarkozie au grand complet.

C'était semble t-il justice comme le fait remarquer GALA : "Normal d'être récompensée par la ministre de la Santé et des Sports quand, comme Liane, on a une pêche d'enfer au service de journées-marathon dues à, au moins, une triple carrière!"

Est-ce au titre de la santé ... sexuelle ou zygomatique, qu'elle aurait reçu cette distictinction ?

En effet, certain se souviennent du sex toy qu'elle avait offert sur le plateau du "Grand journal" de Canal+ à Line Renaud. Elle avait d'ailleurs précisé, après coup : Ca été une blague, car Line adore rire. "C'était un magnifique sex toy de Sonia Rykiel" ou pour ses blagues d'un goût exquis : "Quelle est la différence entre un campeur et un rappeur. Un rappeur nique sa mère, et un campeur, il démonte sa tente..." Source Dontmiss, Et hop ! enterré le Bigard !!!!

C'est vrai que tant d'esprit dans un seul corps nécessitait de remettre dans l'urgence cette décoration qui a toutefois été également remise à ... Nikos Aliagas et Amanda Lear .

Christine Albanel qui avait vécu l'un des plus grands jours de sa vie en la remettant en 2007 à George Clooney, a semble t-il fait l'impasse sur Liane Foly.

Que valent quelques râleurs à côté du plaisir d'une soirée où l'intelligentsia française a du certainement évoquer, pêle-mêle, la fermeture des petits hôpitaux , le manque de personnel hospitalier et certainement les derniers épisodes du formidaaaaable Docteur House ....

Bon, pour une fois qu'on vous parle d'actualité heureuse, vous pourriez être contents !!!!

Crédit photo
Scoop People

Elections européennes : Interview exclusive de Sandrine Bélier (Europe Ecologie)

Il y a quelques jours, nous évoquions le sondage catastrophique concernant les taux de participation aux élections européennes de Juin prochain, et établissions un constat bien sombre :

L'Europe, l'Europe, l'Europe, ... bien que sa construction continue de jours en jours, les sondages prouvent que les Français doutent souvent (pour ne pas dire de plus en plus) de son efficacité à les protéger de la crise économique, qu'elle se préoccupe plus de réglementations ou d'idées saugrenues comme la commercialisation de vin rosé fabriqué à base d'une mixture rouge/blanc que d'établir de vraies règles sociales et éthiques. La dernière intervention de la Commission interdisant au gouvernement français les aides financières à Renault en échange du rapatriement d'une partie de la production sur les sites français a été, dans le contexte actuel, source d'une nouvelle incompréhension et d'un divorce en cours entre les citoyens et ce que d'aucuns appellent la machine bruxelloise.

Il semblerait qu'un bon nombre de Français s'apprêtent à jouer les abstentionnistes et que d'autres profitent de ce scrutin, situé à mi-mandat de Nicolas Sarkozy pour jouer la sanction franco française. C'est dommage, mais à y regarder de plus près, alors que la date approche, peu d'électeurs sont au courant des projets des différents partis ou mouvements politiques. La difficulté pour les partis de gouvernement à constituer des listes, le choix de femmes ou d'hommes "punis" ou "résignés" par leur désignation prouvent, s'il en était besoin que devenir député européen ne réjouit pas les candidats ... de premier plan. Il est certain que l'engouement des nombreux ministres à devenir tête de liste aux régionales inquiète quant à leur intérêt pour le projet européen et montre que nos "éminences" sont bien loin du rêve d'une Europe forte et unie qu'ils nous "vendent" tous les matins.

Dans la mesure où une grande partie des décisions concernant notre pays sont désormais prises par l'Union Européenne et que beaucoup de nos nouveaux textes législatifs sont des transpositions de directives que nos parlements se bornent à approuver, nous avons voulu, chez Slovar les Nouvelles, interroger des candidats à cette imminente élection. Nous avons envoyé plusieurs demandes d'interview par mail à différents candidats et avons reçu ... une seule réponse positive : Il s'agit de Sandrine Bélier : Tête de liste Grand Est du Rassemblement Europe Ecologie.

Bien que la sensibilité des rédacteurs de Slovar les Nouvelles ne soit pas tournée vers le mouvement écologiste, nous avons découvert que contrairement aux politiques que nous avions déjà interviewés sur Slovar, elle en avait, des choses à dire ...

Nous vous donnons ci-dessous l'intégralité de cette interview

Slovar : Sandrine, Bélier, vous êtes tête de liste Grand Est du Rassemblement Europe Ecologie pour les prochaines élections européennes alors que vous n'êtes pas issue d'un parti politique et peu connue des électeurs. Pouvez-vous vous présenter?

Mon mode d’action et ma famille ce sont en effet les associations de protection de la nature et de l’environnement dans et pour lesquelles j’ai œuvré ces 12 dernières années. Mon outil, c’est le droit de l’environnement. Après des études de droit à Paris, puis à Strasbourg, et deux spécialisations l’une en droit de l’environnement et l’autre en droits de l’Homme, j’ai décidé de m’engager dans le combat associatif. En fait, tout est parti d’un stage pour le Conseil de l’Europe et l’Union internationale de conservation de la nature en 1996, pendant lequel j’ai pu mesurer, au niveau international, le rôle des ONG sur le terrain des thématiques négligées par les pouvoirs publics : l’environnement et les droits de l’Homme. J'avais envie de me rapprocher du terrain, de mener des combats pour la protection de l’environnement. C'est comme ça que j'en suis venue à signer un contrat emploi-jeune à Alsace Nature, en 1998. Ensuite, du local, très vite je suis revenue au terrain européen, notamment en menant des contentieux pour l’application de la directive européenne Natura 2000, en France et en Alsace.

Dès 2000, mon engagement s’est inscrit au niveau national, en tant que bénévole du réseau juridique de France Nature Environnement. J’ai commencé à écrire des articles pour des revues de droit de l’environnement et à dispenser des cours à la Fac. En 2001, j’acceptais les fonctions de directrice régionale d’Alsace Nature et un an plus tard, mon prêt étudiant remboursé, je reprenais un vieux projet qu’il me tenait à cœur de mener, faisant le lien entre droit de l’environnement et droits de l’Homme : des travaux de thèse de doctorat sur la démocratie participative et la préservation de la nature.


Alors que je passais à sa phase de rédaction, le Grenelle de l’environnement a été lancé. J’y ai vu une opportunité de faire passer dans la réalité, dans le droit positif, toutes les idées mûries depuis cinq années : donner aux citoyens et aux associations le moyen d’agir et de peser dans les décisions publiques et politiques en matière d’environnement.

Et c’est ce que j’ai défendu dans toutes les phases du Grenelle au nom de France Nature Environnement (FNE), la Ligue de protection des Oiseaux et la ligue ROC. En juin 2008, je prenais les fonctions de directrice fédérale de FNE. En décembre, au regard des plans de relance initiés par François Fillon pour répondre à la crise financière et économique, de l’incapacité de nos gouvernants à mesurer l’opportunité de mettre en œuvre les solutions dégagées par le Grenelle, de la faiblesse du relais politique à l’expression concertée de la société civile, je quittais FNE pour rejoindre le Rassemblement Europe Ecologie.


Slovar : Peut-on dire que le Grenelle a donc eu un rôle essentiel dans votre engagement politique...?

C'est indéniable, cela a en effet joué un rôle très important dans ma décision de rejoindre le Rassemblement Europe Ecologie. Imaginez les avancées faites au cours du Grenelle: des syndicats ouvriers au patronat, en passant par l'ensemble de la famille des écologistes, tous, nous nous sommes accordés sur des solutions de sortie de crise, sur l'urgence de refonder notre modèle de société à partir de solutions concrètes et durables, possibles à mettre en oeuvre, tant sur le court terme que sur le long terme. Ce sur quoi nous nous sommes entendus est simplement quelque chose d'inédit, d'unique. Les politiques devaient quant à eux prendre le relais. Et puis...

Slovar : Et puis?

Et puis, de deux choses l'une: devant cette absence de relais politique, soit vous abandonnez la partie, soit vous défendez ce à quoi vous croyez, ce sur quoi l'ensemble des acteurs sociaux et économiques présents s'étaient entendus. C'est la voie que nous avons choisi avec, pour ne citer qu'eux, Yannick Jadot (Greenpeace) et Jean-Paul Besset (Fondation Nicolas Hulot), également acteurs du Grenelle. Notre sentiment était alors – et il le reste – que si nous ne montions pas au créneau, aucun grand parti traditionnel ne le ferait. Or il y a urgence. Si rien ne change, c'est, sans aucune exagération, droit dans le mur que nous allons.

Slovar : Est-ce ce constat qui aurait donné naissance au Rassemblement Europe Ecologie?

Il n'y est en effet pas étranger. Et c'est sans doute là qu'il puise sa plus grande force. Europe Ecologie ce ne sont pas seulement les Verts, le parti historique de l’écologie politique. Ce sont les Verts réunis avec des acteurs des grandes formations écologistes, des acteurs de l'économie sociale et solidaire, des personnalités de la société civile, des citoyens non encartés, membres de très nombreuses associations, des gens qui travaillent au quotidien à l'amélioration de notre société.

Ce Rassemblement ce sont des citoyens, venus de tous les horizons, animés par une même urgence et une même volonté de changement. Ce sont des gens qui proposent, qui portent un véritable projet de société pour les années à venir. Un projet qui apporte des réponses combinant systématiquement approches économique, sociale, environnementale et démocratique. Il faut arrêter de faire croire aux gens que ces trois piliers sont différents, qu'ils peuvent être traités séparément. L'économique rejaillit sur le social et l'environnement, l'environnement sur le social et l'économique, et ainsi de suite. Vous ne pouvez pas traiter l'un pendant que vous mettez sous clé les autres. Qui dit crise globale, dit réponses responsables, soit globales.


Slovar : Globale qui impliquerait des réponses plus européennes que locales ... ?

Oui. Car si je suis convaincue que l’action est indispensable et utile à toutes les échelles du territoire, de la commune en passant par la région, jusqu’aux décisions nationales, il est évident que les solutions à la crise sans précédent que nous connaissons aujourd’hui ne peuvent être qu’européennes. Penser ou dire le contraire, arguer du protectionnisme national dans la période que nous connaissons est simplement mensonger et suicidaire !

Slovar : Vous ne pensez-pas que vous y allez un peu fort en utilisant les termes "mensonger" et "suicidaire" ?

Peut-être, mais comment voulez-vous qu'il en soit autrement? Il y a un moment où il faut bien appeler "un chat", "un chat" et cesser la politique de l’autruche.

Le projet que nous portons avec le Rassemblement Europe Ecologie est un changement de société, pour une société plus juste, plus solidaire et plus écologique, pour une sortie de crise par le haut. Et cela ne peut, dans le contexte actuel, de toute évidence se concevoir qu’à l’échelle européenne.

Vous savez, mon expérience dans le domaine de l’environnement m’a toujours rappelé que la nature et les pollutions ne connaissent pas les frontières administratives nationales. Allez expliquer à un oiseau migrateur ou au nuage de Tchernobyl qu’ils doivent s’arrêter au Rhin, côté allemand, parce que la France ne respecte pas les périodes de chasse ou qu’elle n’assume pas les risques de sa politique énergétique du tout nucléaire. Allez leur dire... C’est une évidence que d'affirmer que notre avenir se jouera à l’échelle de l’Union Européenne et les cinq prochaines années seront primordiales. Et c'est en effet mensonger et suicidaire que de soutenir l'inverse.


Slovar : Le Rassemblement Europe écologie, est actuellement crédité de 9% des intentions de vote, contre 11 % puis 7 % au cours des mois précédents. Ne croyez-vous pas que l'écologie politique reste mal perçue par les Français ?

Je crois surtout que c’est la classe politique qui est mal perçue par les Français et nos partis politiques traditionnels en sont responsables. Il n’y a qu’à voir de quelle manière le PS, le MoDem ou l’UMP abordent les élections européennes : pour les uns, les élections européennes sont les prémisses de la campagne présidentielle de 2012, pour les autres une punition d’être éloignés des fastes du pouvoir parisien, quand les deux ne sont pas cumulés.

Je trouve cela désespérant et indécent pour les citoyens français, si vous voulez mon sentiment. Comme cela semble être parti, il n’y a que Europe Ecologie qui va mener une campagne honnête pour ces élections européennes en parlant de l’Europe et en portant de vraies solutions pour sortir de la crise, pendant que les partis traditionnels nous parlent de leurs luttes intestines et nous rejouent les vieux films du référendum de 2005 ou de l’élection de 2007. Je trouve ça indigne et irresponsable face aux attentes légitimes des citoyens qui souffrent plus que jamais d’une crise qui s’amplifie depuis plusieurs années. Quant à l'écologie politique, je ne crois pas qu'elle soit mal perçue par les Français. Elle est avant tout mal comprise.


Slovar : Mais encore ?

Ce que j'entends par-là est que cela fait longtemps que l'écologie politique n'est pas seulement, comme certains voudraient encore le faire croire, la défense des petites fleurs, des oiseaux et le combat contre le nucléaire … Nous avons un projet qui concilie les impératifs économiques, sociaux et environnementaux. Nous avons une approche réaliste, un projet réalisable et le seul qui assure un avenir durable qui ne se limite pas à une période de 2 à 5 ans …

Europe Ecologie, c’est aussi une nouvelle offre politique qui n’hésite pas à prendre le contre-pied des habitudes politiques françaises qui veulent faire croire que tout ira mieux demain en ne faisant rien ou en continuant comme on l’a toujours fait.

L’écologie politique, aujourd’hui, c’est le contraire de ceux qui mettent du vernis sur des ongles sales ou des pansements sur une jambe de bois. Nous regardons la réalité bien en face, nous la prenons à bras le corps, nous sommes force de proposition pour impulser le changement. Notre projet s’inscrit dans le moyen et le long terme pour permettre à chacun de pouvoir se projeter dans l’avenir.


Slovar : L'avenir, justement, c'est aussi celui de milliers de salariés de plus en plus précarisés ou de demandeurs d'emplois dont la liste ne cesse de s'allonger. Les écologistes proposent de créer des milliers d'emplois en ayant recours notamment aux économies d'énergies et au développement des énergies nouvelles. Très bien mais cela prendra du temps. Que proposez-vous dans l'immédiat à ces personnes?

Je vais être directe avec vous. Tout d'abord, la création d’emplois va au-delà du secteur énergétique; ensuite, il est inexact de dire que ces créations d’emplois vont demander des années.

Nous sommes particulièrement conscients qu’il est important de répondre dans l’urgence aux personnes dont les emplois sont menacés et à l’ensemble de celles qui se retrouvent aujourd’hui sans emploi. Mais ces réponses doivent s’inscrire dans la durée. Autrement, elles n'ont pas de sens et ne contribuent qu’à entretenir des situations de précarité pour les salariés.

Voulez-vous vraiment que l'on reproduise les mêmes erreurs – dramatiques sur le plan humain et social - que celles commises par les partis traditionnels dans leur gestion de la crise sidérurgique dès 1979 ?

Une fois encore, nous avons un devoir d’honnêteté et une véritable responsabilité face aux salariés qui sont aujourd’hui dans la crainte de perdre leur emploi à plus ou moins long terme. Europe Ecologie propose un "Bruxelles de l’emploi" pour répondre rapidement à la crise.

Nos propositions de conversion de l'industrie automobile, de la manière de concevoir, construire ou rénover des logements, de concevoir de nouveaux modes de déplacement au niveau européen, tous ces projets existent, sont dans les cartons et offrent pour le coup, la possibilité de millions d’emplois pérennes.


Slovar : Reste l'argent ... Comment envisagez-vous de le trouver ?

Mais l'argent est là aussi ! On l'a bien trouvé pour renflouer des banques sans contrepartie! On l’a bien trouvé pour mettre le secteur automobile sous perfusion comme on l’avait fait avec la sidérurgie et sans conditionnalité sociale et environnementale ! Ce n’est pas l’argent qui est un obstacle comme on tente de nous le faire croire depuis des années.

Ce qui manque, c’est la volonté et le courage politiques de penser l’économie différemment, et de reconnaître que les choix d’hier sont périmés. Vous savez, l'économie verte ne se réduit pas à la création d'emplois verts stricto sensu. Elle englobe la reconversion de secteurs entiers de l'économie permettant à la fois de maintenir nombre d'emplois existant et d'en créer de nouveaux.


Les dix millions d'emplois verts que nous proposons de faire surgir en 10 ans ne sont donc qu'une partie des emplois créés par le New Deal écologique et social européen. Les secteurs qui vont croître avec la lutte contre le changement climatique et le remplacement des énergies fossiles (énergies renouvelables, transports doux, efficacité énergétique des bâtiments et des modes de production industriels...) sont plus productifs que les secteurs appelés à décroître dans leur forme actuelle, comme la production et la distribution d'énergies fossiles ou la construction automobile ou aérienne.

L'agriculture biologique et de qualité est également plus créatrice d'emplois que l'agriculture conventionnelle, de même que l'entretien, la réparation et le recyclage des biens produits constitue un gisement d'emplois plus important que le système du tout jetable.


Slovar : Vous avez fait mention du secteur automobile, particulièrement touché aujourd'hui. Est-ce là un chantier à court terme ?

Oui, nous sommes bien sur un plan à court terme, sur une priorité. Je vous le confirme: le premier contrat de conversion industrielle de l'économie européenne devra concerner l'automobile.

Slovar : Pourquoi celui-ci en particulier?

Parce qu'il aura un effet d'entraînement massif pour le reste de l'industrie. La construction automobile n'est qu'un des secteurs touchés par la crise, mais la voiture jouant un tel rôle dominant dans l'organisation de la société et l'imaginaire collectif, l'impact de sa transformation aura valeur d'exemple pour tous les autres secteurs.

Ce que nous proposons c'est de conditionner tout soutien public à la construction automobile (Europe, Etat, collectivités locales) à des critères environnementaux et sociaux contraignants qui favoriseront la conversion du secteur avec un volet "sécurité de l'emploi et formation".

Il s’agit notamment de garantir une indemnisation forte du chômage partiel avec possibilité de formation professionnelle pour les salariés des métiers de la mobilité, soit de garantir le maintien des droits sociaux et du revenu des salariés en leur assurant un emploi sur un long terme.

L'argent public ne doit profiter au secteur automobile que s'il réduit, radicalement et dès aujourd'hui, son impact sur l'environnement et le climat pour assurer une "transition vers la voiture sobre", moins polluante mais aussi et surtout moins consommatrice en pétrole et donc moins coûteuse pour les usagers.

Nous proposons d’accompagner la transition de l’industrie automobile et dans le même temps de développer une "politique commune de la mobilité et des transports" pour développer les moyens de transports moins coûteux pour les ménages et pour l’environnement (transports collectifs, les camions sur rails, etc…).


Slovar : Selon Daniel Cohn-Bendit et vous-même, de nombreux autres secteurs d'activité, devraient profiter d'une "conversion de l'économie par l'écologie". Sur le papier c'est séduisant mais les emplois qui s'y rattacheraient ont-ils déjà été chiffrés ?

Oui. A long terme, cette fois, de multiples études officielles et indépendantes permettent de fixer les ordres de grandeur pour l'Europe des 27, à l'horizon 2020. L'objectif de 30% d'agriculture biologique pourrait ainsi permettre la création de 1,5 million d'emplois dans l'agriculture. Un plan de rénovation énergétique des bâtiments - avec un objectif de réduction par quatre des émissions à effet de serre - pourrait créer un autre million d'emplois. L'objectif de 20% d'énergies renouvelables créerait lui aussi un million d'emplois. Les transports durables devraient permettre la création de 3,5 millions d'emplois.

Le recyclage et une gestion améliorée des ressources primaires pourraient créer 500.000 emplois. La recherche et développement dans les domaines de l'environnement, de même: 500.000 emplois. L'aménagement des territoires et des villes, le tourisme vert, la gestion de la biodiversité, aidés par les fonds structurels européens, pourraient créer 650.000 emplois. Le développement des services à la personne, la réparation, l'artisanat pourraient créer 2 millions d'emplois. Un des leviers essentiels pour la création des emplois réside dans l'adoption d'un statut du tiers secteur, créateur d'emplois d'utilité sociale, culturelle et environnementale (crèches, aides aux personnes âgées, éducation à l'environnement, protection et entretien des espaces naturels, réparations...), et le soutien à l'économie sociale et solidaire.

Slovar : Reste que cette conversion implique une "moralisation" de l'économie de marché... Vous la croyez possible ?

Transformer l’économie par l’écologie, ce n’est pas moraliser un système économique qui a fait la preuve de son impuissance à protéger l’humain et la planète, et qui nous conduit dans le mur. Transformer et convertir l’économie à l’écologie, c’est revenir à la raison, c’est en finir avec l’exploitation abusive de l’homme et de la nature, c’est en finir avec un vieux modèle pour en développer un nouveau plus respectueux, plus protecteur, plus durable, plus viable et plus enviable.

C’est remettre l’humain au cœur de notre projet de société et en finir avec la société de l’«Avoir» pour passer à la société de l’«Etre», du mieux être… Alors non, je ne pense pas qu’il s’agisse de moraliser ou de réhabiliter un système économique condamnable en tous points: il s’agit maintenant de passer à autre chose. L’ère post-industrielle et l’ère du néo-libéralisme doivent laisser la place à l’ère écologiste et humaniste.

Slovar : Sur un plan très politique cette fois, Daniel Cohn-Bendit, a récemment déclaré: "Pas question de se laisser entraîner dans un combat franco-français pour ou contre la politique de Sarkozy. La réponse n'est pas nationale mais européenne". Ne pensez-vous pas que les Français sont désabusés et voient l'Europe et sa construction comme une machine à réglementation dont les yeux sont exclusivement fixés sur la concurrence et la libre circulation des marchandises et des capitaux?

Commençons peut-être déjà par être honnête intellectuellement, surtout quand on fait de la politique. Nous sommes en campagne pour des élections européennes. Notre objectif est de faire le meilleur score le 7 juin prochain pour obtenir le plus grand nombre possible de députés au Parlement européen de Strasbourg. Pas à l’Assemblée nationale, j'insiste. Au Parlement de Strasbourg!

Cette question est fondamentale, parce que du résultat de ce vote dépendra la constitution de la majorité politique du Parlement européen. Du choix de cette majorité dépendra le choix du président du Parlement mais aussi de celui de la Commission européenne. Avouez que ce n'est quand même pas rien. On ne joue pas une troisième mi-temps de la présidentielle française. On joue notre avenir commun. On joue la mise en place d'un projet de société défendant les intérêts présents et futurs des citoyens français et européens.

Comprenez bien que l’Europe néo-libérale que nous avons aujourd’hui est l’Europe d’une majorité et de choix politiques faits par cette majorité européenne.
Que le président de la Commission est lui-même co-opté par cette majorité. Cette majorité, aujourd'hui, c'est celle du Parti Populaire Européen (PPE) et de l'UMP de Nicolas Sarkozy. Cette majorité c'est aussi celle au sein de laquelle siègeront les élus du MoDem, via les alliances existant entre le groupe des libéraux (ADLE) au sein duquel ils siègeront, et le PPE.

Cette majorité est celle permise par l’absentéisme des élus socialistes au parlement (PSE). Cette majorité, c'est celle-là même qui a choisi, tout au long de cette mandature, de soutenir la Commission européenne et son président José Manuel Barroso.


Le 7 juin, nous n'élisons pas simplement des députés, nous donnons une orientation cruciale à l'Union pour les cinq prochaines années, et au-delà. La question que nous devons dès lors nous poser est: voulons-nous continuer à cautionner des politiques qui nous conduisent droit dans le mur ou voulons-nous faire entendre notre voix et porter et appliquer un autre projet de société. C'est ça qui se joue le 7 juin.

Slovar : Dans la continuité de vos propos, les députés européens Verts sont justement à l'origine d'une campagne "Stop Barroso!", contre la réélection du président de la Commission européenne. En êtes vous solidaire et pensez-vous sincèrement que celle-ci ait la moindre chance d'aboutir ?

Oui, je suis solidaire de ce slogan, bien évidemment. "Stop Barroso!" est un slogan contre tous ceux qui gèrent notre économie depuis des décennies en louant ses bons résultats, en jurant il y a encore un an que jamais une crise de l'ampleur de celle que nous vivons ne pourrait arriver, et qui aujourd'hui découvrent les bienfaits de l'interventionnisme d'Etat avant, très certainement, d'en revenir à leurs bonnes vieilles habitudes une fois les regards détournés.

"Stop Barroso!", c’est dire "stop au néo-libéralisme", à un système prédateur et destructeur de l’homme et de la planète. C’est dire "stop!" à tous ces irresponsables qui n’ont pas vu venir la crise et qui sont aujourd’hui en incapacité de reconnaître leurs erreurs. Comment peut-on encore faire confiance et donner les manettes du pouvoir à des politiques qui nous ont conduit droit dans le mur et refusent encore tout changement de modèle de développement?

A la question "cette campagne a-t-elle des chances d'aboutir?", ce n'est pas à moi de vous répondre, pour une raison simple: c'est ensemble que nous pourrons dire "stop!", c'est ensemble que nous pourront changer les choses. Et cela passe par les élections européennes du 7 juin prochain.


Slovar : Pour conclure cet entretien, que diriez-vous justement aux Français pour les convaincre définitivement de reprendre en main leur avenir européen en vous rejoignant le 7 juin? Que leur diriez-vous pour leur redonner envie d'Europe?

Je voudrais partager avec eux un rêve européen qui n’aurait pas à rougir du rêve américain. Je voudrais leur dire : si vous n’imaginez pas encore le pouvoir de l’écologie … Imaginez la force et la puissance de 27 Etats unis et coordonnés pour une action commune face à la crise financière, économique, sociale, énergétique, climatique, alimentaire et écologique … Imaginez les efforts que pourrait faire la France multipliés par 27 … Imaginez une Europe où la liberté de circulation n’est plus seulement celle des marchandises et des capitaux, mais la liberté de circulation des idées, des innovations, des savoirs, de la culture, des personnes, des travailleurs et des étudiants…

Imaginez une Europe économique qui deviendrait une Europe politique, une Europe sociale et écologique, une Europe qui protège, une Europe qui assure l’avenir… Une Europe qui assure un salaire minimum à chacun, la possibilité de se former pour faire face aux métiers de demain et qui impose un salaire maximum …

Imaginez une action coordonnée de 27 Etats qui garantisse à tous ses citoyens le respect de ses droits fondamentaux et le respect de la dignité humaine …

Imaginez le secteur automobile et tous les secteurs industriels coordonnés à l’échelle de 27 Etats, où les mêmes règles de protection des salariés et normes environnementales s’appliquent pour opérer une mutation vers une économie écologique dans une perspective de plusieurs décennies …

Imaginez 27 Etats qui décident ensemble de tout changer pour peser mondialement en faveur de la paix, de la lutte contre le changement climatique et la crise écologique, de la protection de notre patrimoine naturel, d’un travail et du mieux vivre pour tous. Imaginez. Tout cela est possible est c’est le projet d’Europe d’Europe Ecologie ! Tout cela est possible: cela passe par un vote: le 7 juin. Pas le 8 ou le 9, mais le 7 juin prochain.


Merci Sandrine de nous avoir accordé cette interview et bonne chance pour le 7 juin




Quelques articles sur et de Sandrine Bélier:

Hadopi : la majorité est restée bloquée au Minitel
De Tati à Tati… de Hulot à Hulot… d’une génération à une autre
Grenelle de l’environnement : des préjugés sont tombés - Vivagora
Grenelle in & off

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A cinq mois des élections, la campagne est déjà lancée pour le Rassemblement Europe-Ecologie
Sans nature, pas de futur

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Facebook : Sandrine Bélier



15 avril 2009

Consommation : Des crédits chers payés à des banques subventionnées

Baisse du pouvoir d'achat, baisse des revenus ou perte d'emploi, voila des situations que les français apprennent à connaître chaque jour.

Ces situations ne peuvent être résolues, y compris pour des besoins essentiels que par le recours au crédit. Seulement, la crise du système financier, en grande partie engendré par les banques a changé la donne tant pour les entreprises que les particuliers. S'il existe un médiateur du crédit pour les premières, il n'existe que le guichet et leur persuasion pour les particuliers.

Le dernier ajustements du principal taux directeur de la BCE qui le porte à 1.25% aurait du légitimement améliorer le sort des emprunteur, mais c'est semble t-il beaucoup plus compliqué que cela :

Pour simplifier les analyses dans le contexte d'une Zone Euro où il existe une bonne centaine de taux de référence, nous retiendrons deux taux qui « encadrent » généralement les pratiques bancaires : le Taux de Base Bancaire et les Taux d'Usure, ou taux usuraires. Par contre, si l'exemple suivant concerne la France, il faut très vite relever que la plupart des pays européens ne fixent aucune limite à l'usure... => En France, les banques commerciales peuvent fixer librement leur Taux de Base Bancaire (TBB). Et donc, malgré une baisse, puis une hausse du Taux Directeur de la BCE, le TBB moyen pratiqué par les banques françaises est resté « cloué » à 6,60% depuis décembre 2002 (venant de 7,10% avant 2002). Les ententes (illicites) sont donc évidentes au sein de cet oligopole parfaitement hermétique, regroupé au sein de l'Association Française des Banques (AFB). Or, ces TBB sont eux-mêmes à la base d'une multitude de taux de référence dans chaque banque : pour tous les prêts, les taux pratiqués varient en fonction des emprunteurs, des durées, des montants et des garanties offertes. => Les banques françaises sont mêmes libres de fixer les sommets qu'elles peuvent frôler, mais ne pas dépasser, puisque c'est la Banque de France, leur banque, qui détermine la liste des taux usuraires. Au sommet de cette pyramide se trouve le taux usuraire le plus élevé, celui des prêts à la consommation accordés aux petites gens (prêts inférieurs à 1.524€) ; depuis janvier 2008, il est à 20,60% hors frais de dossiers de toutes sortes. Pour les entreprises, c'est le découvert autorisé qui est le taux le plus élevé : il est « limité » à 14,29% mais les banques peuvent quand même facturer un supplément d'agios avec la règle du « plus gros découvert utilisé ». Un seul jour de découvert utilisé (autorisé par contrat), et les entreprises paient généralement un mois de frais financiers... C'est légal puisque c'est « leur » loi. Source Bellaciao Dazibaoueb

Taux de l'usure ? Définition de la Banque de France

Le prêt usuraire est celui consenti à un taux effectif global (TEG) excédant de plus du tiers le TEG moyen pratiqué au cours du trimestre précédent pour des opérations comparables. On parle de taux de l'usure, pour celui au-delà duquel le TEG d'un prêt est considéré comme excessif. Un avis relatif aux seuils de l'usure applicables à compter du 1er avril 2009 a été publié au journal officiel. Pour le prêt immobilier à taux fixe le seuil de l'usure se stabilise au 1er avril à 7,83% (TEP au 1er trimestre 5,87%), à 7,93% pour les prêts à taux variable (TEP 5,95%), et de 8,05% (TEP 6,04%) pour les prêts relais.

Les taux effectifs moyens sont déterminés trimestriellement par la Banque de France, dans les conditions prévues par l'article D 313-7 du Code de la consommation, à partir d'une enquête auprès de certains établissements de crédit ou agences d'établissements considérés comme représentatifs ; l'enquête recense des données individuelles relatives à des crédits nouveaux accordés au cours de la période sous revue. Les taux effectifs moyens résultent, pour chaque catégorie de prêts définie par un arrêté du 25 juin 1990, de la moyenne arithmétique simple des TEG observés. Source BDF

Taux de l'usure au 1er avril 2009

- Prêts d'un montant inférieur ou égal à 1 524 euros
Taux effectif pratiqué au 1er trimestre 2009 par les établissements de crédit : 16,02 %
Seuil de l'usure applicable à compter du 1er avril 2009 : 21,36 %
- Découverts en compte, prêts permanents et financement d'achats ou de ventes à tempérament d'un montant supérieur à 1 524 euros et prêts viagers hypothécaires
Taux effectif pratiqué au 1er trimestre 2009 par les établissements de crédit : 15,69 %
Seuil de l'usure applicable à compter du 1er avril 2009 : 20,92 % - Source Francis Lefebvre

Au delà de la théorie, il nous a semblé intéressant de visiter les sites des sociétés de crédit et de vérifier à quel taux se pratiquent le prêt personnel, la réserve d'argent ou les cartes de crédit de type revolving. Nous vous donnons ci-dessous une courte, mais significative, liste d'offres de crédit au 15 avril 2009 (mais vous pouvez poursuivre l'expérience avec une la requête "Crédit à la consommation"sur Google. Vous ne serez pas déçus )

Un cas d'école, le groupe Laser et BNP Paribas : Le groupe Galeries Lafayette, groupe privé, se développe de manière équilibrée sur des marchés complémentaires : la mode et la création (Galeries Lafayette), l'équipement de la maison (BHV), les achats quotidiens (Monoprix) et les services autour de la relation client (LaSer). BNP PARIBAS est l'un des principaux groupes bancaires mondiaux. Il emploie 100 000 collaborateurs dans 85 pays. Son pôle BNP PARIBAS Personal Finance, né en 2007 du rapprochement des sociétés Cetelem, UCB, BNP Paris Métier Regroupement de Crédits et BNP Paribas Invest Immo, emploie près de 25 000 collaborateurs dans plus de 30 pays. - Source Lasergroup

Mediatis
- La réserve de crédit Médiatis est un crédit reconstituable d'un an renouvelable, au TEG révisable de 19,95 %, conditions en vigueur au 03/11/2008 - Source Mediatis

Cetelem
- La Réserve Instant T de Cetelem est un crédit reconstituable d'un montant maximum de 3 000 € et d'une durée d'un an renouvelable, sous réserve d'étude et d'acceptation par BNP Paribas Personal Finance. Taux Effectif Global révisable au 26/03/2009 de 21,31 % pour un solde débiteur jusqu'à 1 500 € et au-delà de 20,91 %. - Source Cetelem

Cofinoga
- Le TEG promotionnel de 6.9% s'applique pendant 6 mois, à compter de la date de signature du contrat, sur la totalité de l'encours du compte pendant cette période. Au-delà de ces 6 mois, tous les financements s'effectueront au TEG contractuel révisable en vigueur à cette date (20.91% au 01/04/2009).
- Carte Mastercard : Le TEG révisable est de 20.91% jusqu'à 21 500 €. Conditions en vigueur au 01/04/09. Le coût total du crédit dépend de la durée et du montant emprunté. Ce compte est utilisable dans la limite de votre réserve de crédit disponible et dans le cadre d'un fonctionnement normal de votre compte

Pour les mensualités, détails (en cherchant bien) sur le site Cofinoga

Encours crédit jusqu’à 800€: mensualité de 25€ et TEG de 21,31%
de 801€ à 1524€ d’encours: mensualité de 50€ et TEG de 21,31%
de 1 525€ à 2 300€ d'encours: mensualité de 75€ et TEG de 21,10%
de 2 301€ à 3 000€ d’encours: mensualité de 100€ et TEG de 21,10%
de 3 001€ à 11 500€ d’encours: mensualité de 3.5% de l’encours et TEG de 21,10%
de 11 501€ à 21 500€ d’encours: mensualité de 3,50% de l’encours et TEG de 14,50%
Tous les TEG indiqués dans ce barème sont révisables et hors assurance facultative. - Source Cofinoga

- Complicio est un crédit d'un an renouvelable dont le TEG révisable hors assurance facultative est de 20,89 %. Conditions en vigueur au 01/03/2009 - Source Complicio Monabank / (33% du capital détenu par Cetelem et 66% par Le groue PPR - Source Espace Crédit )

Les banques mutualistes dont la vocation seraient à leurs dires bien différentes des établissement classiques ne sont pas en reste

Groupe Crédit Agricole

Sofinco
-Jusqu'au 05 mai 2009, pour toute utilisation de votre réserve vous bénéficiez du Taux Effectif Global annuel fixe de 4,50% pendant les 6 premiers mois puis au-delà de cette période le taux applicable sera de 20,70% TEG annuel fixe (durée de remboursement de 36 à 60 mois
- Vous souhaitez faire une utilisation de votre carte de 1000 € le 10/01/2009, et votre jour d'échéance est fixé au 5 du mois. Vous rembourserez alors 34 mensualités de 38 € et une dernière et 35ème mensualité ajustée de 32,98 €. Le coût total est de 324,98 € pour un Taux Effectif Global (TEG) annuel révisable de 20.70%. Source Sofinco

Finaref
- Compte Mistral: TEG annuel révisable 21.31% si vous devez jusqu´à 1524 euros, 20.87% au-delà. Conditions au 01/04/2009, hors assurance facultative - Source Finaref Crédit Agricole


Crédit Mutuel

Financo
- La réserve d'argent est atribuée sous réserve d'acceptation de votre dossier de crédit par Financo, après expiration du délai légal de rétractation et présentation des justificatifs demandés. Mensualité minimum de 15 euros par mois. Credit renouvelable au TEG annuel révisable en vigueur au 1er janvier 2009 de 18,90% (hors offre spéciale), il est susceptible de variation.
- Le Crédit Réserve Financo est un crédit reconstituable d'un an renouvelable. Les conditions, modalités et TEG figurent sur le contrat établi à votre demande. Les mensualités intègrent le remboursement du capital, les intérêts ainsi que l'assurance du compte (si vous y avez souscrit). Le TEG varie de 20,17 % à 18,57 % en fonction du montant emprunté - Source Financo Crédit Mutuel

Cofidis
- Crédit reconstituable d’un an renouvelable consenti par COFIDIS SA sous réserve d’acceptation de votre dossier. TEG annuel révisable de 21,25% jusqu’à 1524€ et 20,90% au delà. - Source Cofidis Crédit Mutuel

Quelques constatations et remarques

Le nombre d'enseignes ne doivent pas cacher la formidable concentration qui s'est opérée. En effet, vous devenez client de BNP Paribas au travers de quatre enseignes différentes sans vous en rendre compte.

Pour le savoir, il faut passer quelques heures sur le Web et maîtriser les techniques de recherche. Cette remarque vaut pour les autres banques citées plus haut. Vous remarquerez également que le paragraphe issu du site Franis Lefebvre : "En ce qui concerne le prêt à la consommation inférieur ou égal à 1.524 euros, le seuil de l'usure est de 21,36%, pour les prêts à la consommation (découverts en compte, prêts permanents et financement d'achats ou ventes à tempérament) supérieur à 1.524 euros, le seuil de l'usure est de 20,92%" est "remarquablement respécté" puisque la différence avec le taux de l'usure est dans bien des cas inférieure à 0,26% !!! et que les écarts entre les divers établissements (à de très rares exceptions) fleurent bon l'entente amicale. Bref, la concurrence ... sauvage.

Dans la mesure où il était indispensable selon le gouverneur de la Banque de France, approuvé par Christine Lagarde, de baisser le taux de rémunération des livrets A, à cause de la baisse du taux directeur de la BCE, il est tout à fait étonnant de voir encore des taux à deux chiffres partiqués par les banquiers. Banquiers qui ont comme chacun le sait perçu quelques aides d'état. dont :

BNP Paribas 5,1 milliards d'euros
Le Crédit Agricole : 3 milliards d'euros

Et même si notre Président se targue que cet argent rapportera aux français : "La rémunération, qui sera en moyenne de l'ordre de 8%, tiendra compte du degré de solvabilité de chaque banque bénéficiaire au travers de la composante credit default swap (CDS). Paris avait insisté pour que ce taux ne soit pas trop élevé pour les banques en bonne santé, afin qu'elles soient incitées à faire appel à l'aide de l'Etat en vue de pouvoir augmenter le volume de leurs prêts aux ménages et entreprises face à la récession économique" Source TF1 Economie , il reste encore un différentiel énorme avec les taux pratiqués par les sociétés de crédit. Mais, il faut bien que les actionnaires y trouvent ... leur juste part .... de pouvoir d'achat.

Comme le disait Jacques ATTALI : "Si ça passe ce seront les banques qui gagneront, si ça casse ce seront les contribuables qui payeront"

C'est en cours !!!!

Crédit photo
Navimag



Frédéric Lefebvre star des Big brother Awards : Le triomphe modeste

La pugnacité est toujours récompensée !!!

Il existe en France quelqu'un pour le mot est pugnacité est un synonyme. Un homme qui se fait remarquer à tous moments, sur tous les thèmes et qui a érigé la mauvaise foi la plus crasse en philosophie politique. Nous avons nommé : Frédéric Lefebvre.

Jusque là cantonné au rôle de "porte parole" de l'UMP et de suppléant d'André Santini, il n'avait reçu aucune distinction pour les morceaux de bravoure qu'il assène quotidiennement avec une joie et une constance qui feraient presque plaisir à voir.

L'homme était, on pourrait le dire, victime d'une injustice. Personne ne voulait reconnaître sa valeur, puisque même l'AFP refusait de publier ses communiqués de propagande contre Ségolène Royal.

Et bien depuis Avril 2009, l'injustice est réparée, puisqu'il a reçu le 4 avril, au cours du Big Brother Awards 2009, du Privacy International : Le prix Orwell 2009.

Et bien malgré cela, ni l'UMP, ni monsieur Lefebvre, pourtant si prompt à se ruer sur un plateau de télévision ou un micro de radio, n'ont claironné cette victoire.

Pour ceux qui auraient loupé cette information, peu diffusée, il faut le dire, nous vous donnons ci-dessous le contexte du prix et les critères de son attribution

"Pour son incompétence et son insistance à vouloir contrôler internet par le biais du CSA, ses arguments iniques pour soutenir la loi Hadopi, pour vouloir traquer la délinquance dans les maternités, et bien d’autres choses...", explique le communiqué de Privacy International, qui décerne chaque année le trophée des Big Brother de l’années.

C’est donc pour l’ensemble de son œuvre que le député et porte parole de l’UMP a été choisi pour l’un des Big Brother Awards, avec quelques longueurs d’avance sur sa collègue, Christine Albanel, ministre de la Culture. Néanmons, Le prix Orwell " Ensemble de son oeuvre" revient cette année à la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie

La Privacy International en rajoute une couche sur le sieur Lefebvre, qui gagne son prix "pour son ignorance, ses amalgames grossiers, et sa novlangue récurrente mis au service d’un gout immodéré pour le contrôle en général " C’est donc un prix spécial Orwell 2009 que remporte aujourd’hui le député UMP. Mais l’épisode d’Hadopi n’a pas été le seul détonateur. Sa position en faveur de la responsabilité pénale dès 12 ans a également joué en sa faveur. "Moi, je souhaite qu’on aille même sans doute un peu plus loin... Cela a été dans beaucoup de rapports. On dit qu’il faut le faire dès l’âge de trois ans pour être efficace » (...) Je ne suis pas un spécialiste, donc je ne déterminerai pas à quel âge il faut le faire", expliquait-il alors, dans une interview accordée à 20 Minutes.

La Privacy International rappelle également le fameux épisode de BFM TV, au cours duquel Frédéric Lefebvre s’était complètement emmêlé les pinceaux sur le Web 2.0, auquel il apportait une réponse cocasse, aussi aboutie que "c’est l’Internet d’aujourd’hui " Bref, les éléments à charge sont nombreux. Monsieur Lefebvre était définitivement le plus légitime pour ce prix Orwell 2009. - Source L'Informaticien

Nous tenons à préciser que le jury a distingué Frédéric Lefebvre dans la catégorie "mention spéciale", qui "distingue épisodiquement un candidat qui n’a pas obtenu le prix dans sa catégorie mais que le jury tient tout de même à récompenser". Et là, on aurait pu s'attendre à ce que monsieur Lefebvre crie encore à l'injustice, puisque dans la catégorie Etat et élus, le gagnant est le fichier RNCPS et le ministère du Budget d'Eric Woerth.

Mais il a été magnanime puisque la "Mention spéciale" est en quelque sorte le prix spécial du jury du festival de Cannes dans la catégorie "Hors concours" - Liste complète des Big Brother Awards 2009

Très curieusement, alors qu'il affiche (sans autorisation des auteurs) les caricatures et montages le concernant sur le Net, il ne fait nulle mention de cette distinction sur son site .

Ce qui prouve qu'on peut avoir une réputation d'aboyeur et rester timide et modeste devant la consécration .... Ou bien avoir conscience du ridicule de ses trop nombreuses et impestives déclarations ...

14 avril 2009

Ordre du mérite : Bussereau décore les magnats des jeux de Macao

Que font nos ministres pour combattre la récession et la grave crise économique qui frappe le pays ? Et bien si on les écoute, ils cherchent ...

Certains plus hardis que d'autres, affrontent de nombreuses heures d'avion pour porter bien haut les couleurs de notre nation et nous apporter des solutions radicales.

C'est le cas de notre Secrétariat d’Etat aux Transports : Dominique Bussereau

Voyons son agenda officiel :

Mardi 14 avril -Déplacement à Hong Kong :

- 11h30 - visite des installations du Hutchinson Port Holding, principal opérateur du port de Hong Kong
- 9h30- visite chez MTRC
- 13h - déjeuner avec la communauté d’affaires française et l’ensemble de la délégation du ministre à l’invitation du consul général
- 15h - E. Cheng, ministre du Transport et du Logement
- 15h45 - C. Lam, ministre du Développement
- 18h30 - P. Ho, directrice générale du groupe Shun Tak : remise des insignes de chevalier dans l’ordre national du Mérite
- 19h30 - dîner à l’invitation de S. Ho

La suite sur le site du Premier Ministre

Pourquoi ne donnons-nous que la première partie de ce voyage qui en compte quatre ?

Très simplement parce que nous aimerions attirer votre attention sur la personne qui va avoir l'honneur de recevoir les insignes de "chevalier" dans l'ordre du mérite.

Pansy Ho est la fille et héritière de Stanley Ho le fondateur du Groupe Shun Tak. qui est un conglomérat ayant des activités dans les transports, les biens, l'hospitalité et des investissements et a établi une forte présence à Macao, comme l'explique la page d'accueil de son site.

Néanmoins, la façade du conglomérat ne doit pas cacher l'essentiel. Et vous allez voir que ce n'est pas anodin

A l'âge de 22 ans, le jeune Ho fait ses premiers pas dans le monde du travail en se consacrant aux taches administratives dans une société japonaise d'import-export basée à Macao. Ses facultés pour les langues l'aida à vite entrer dans le capital de la société et devenir associé rapidement. Puis sa réputation devînt quelque peu sulfureuse en s'enrichissant de manière douteuse voire illégale. Durant la seconde guerre mondiale, Ho a fait sa première fortune en faisant de la contrebande d'objets de luxe entre la Chine et Macao.

En 1961, il crée le Shun Tak Holdings Ltd, côté à la bourse de Hong Kong et possède l'une des plus grandes flottes de ferry qui relient Hong Kong à Macao. Ho diversifie dans plusieurs secteurs d'activité et investit dans différents domaines: Macao Jockey Club et lance le premières loteries basées sur le football et le basket. Plusieurs meurtres n'ont jamais été élucidés comme son adjoint retrouvé égorgé dans un square à Hong Kong et ses liens avec les triades reviennent souvent sur le devant de la scène. Cet homme très rusé a "beaucoup d'alliés et peu d'amis" et a toujours assuré sa survie. La guerre des gangs a fait rage et s'est soldée par une quarantaine de morts... soit à coup de barre soit de revolver. Autant dire que dans ce milieu, autant ne pas trop embêter certaines têtes dures et la diplomatie de Ho a été quelque peu ébranlée.

Stanley Ho avait la main mise sur le jeu à Macao. En février 2007, il détenait toujours 40% du marché des jeux et contrôlait 18 des 28 casinos de Macao dont le Lisboa Casino est sa plus grande réussite. En 2008, il existe 31 casinos dont 19 sont gérés par la Sociedade de Jogos de Macau( Stanley Ho ndlr), le groupe Galaxy en possède cinq, Sheldon Adelson trois, Wynn un casino, Melco en a deux et Kirk Kerkorian en gère un seul. Le revenu des 31 casinos de Macao ont généré durant les neuf premiers mois 2008 près de 10 milliards et demi de dollars soit près du revenu total de l'année 2007.

Selon le magazine Forbes, en 2008, Stanley Ho se trouve à la 113ième place des hommes les plus riches du monde avec une fortune estimée à 8 milliards de dollars. - Source Casinoweb

Depuis la rétrocession de Macao à la Chine, il n'a cessé d'investir, dans les services portuaires et aéroportuaires. Aujourd'hui il est PDG de trois entreprises florissantes : Entreprise : Shun Tak Group, Shun Tak Shipping Company et iAsia Technology

En clair, une petite affaire de famille bien claire comme on les aime chez nous.

Au delà du côté insolite de la remise de l'ordre du mérite à une "casinotière", il faut noter que les affaires de la famille HO se situent à Hong Kong et Macao qui, étaient justement sur la liste noire des paradis fiscaux et que la Chine a fait basculer ... dans la liste blanche.

Néanmoins, la famille HO connaît également un autre secrétaire d'état français puisque Pansy était présente au Lancement de l’association d’affaires France-Macao le 22 octobre 2007 à Macao : "L’association d’affaires France-Macao a été officiellement lancée le 22 octobre 2007 par M. Hervé Novelli, secrétaire d’Etat chargé des entreprises et du commerce extérieur, en présence de M. Jean Pierre Thébault, Consul Général de France et de M. Peng-Hong Lee, Président de l’IPIM (Macau Trade and Investment Promotion Institute). Ms Pansy Ho, Directrice Générale de Shun Tak Holding, et Ms Amber Li, présidente de H. Nolasco & Cia, Lda ont également tenu à être présentes pour célébrer le lancement de l’association"

voir photo ci-dessous
De gauche à droite : Mme Claude Greff, Députée d’Indre et Loire ; Ms Amber Li, Présidente de H. Nolasco & Cia, Lda ; M. Hervé Novelli, Secrétaire d’Etat chargé des entreprises et du commerce extérieur ; Ms Pansy Ho, Directrice Générale de Shun Tak Holding et M. Marc Bernier, Député de la Mayenne.

Il faut dire que cette association a une vocation éminemment stratégique puisqu'elle a : " pour but commun de promouvoir et d’améliorer les relations commerciales entre la France et la RAS Macao" - Source Consulat de France Hong Kong

Pour l'anecdote, on peut aussi signaler que le Groupe Shun Tak Holding est membre du Comité de France dans lequel on retrouve le gratin politique française - Source Comité de France

Un décoration certainement méritée et qui devrait apporter un rebond, si ce n'est immédiat, du moins rapide, à l'économie française !!!!

Mais, après tout, Monsieur Bussereau ne connaissait-il pas l'histoire de cette charmante famille d'entrepreneurs ? Désolé si nous avons pu lui gâcher un voyage où il va sans nul doute évoquer la refondation et l'éthique du capitalisme en dînant ce soir chez Madame HO ...

Elections Européennes : Le désintêret avant la colère ?

Gros temps sur l'Europe !!!

En effet, après avoir été l'un des moteurs de l'avenir de nos pays lors de sa création, elle ne fait plus rêver. Pire elle indiffère !!!

Un sondage nous donne la cote d'amour de l'Union auprès de ses habitants en âge et capacité de voter :

Un sondage Eurobaromètre crédite à 34% le taux de participation aux élections européennes de juin prochain. Si cela ce confirme les jours de vote, le taux d’abstention de 66% serait un record. En juin 2004, l’abstention avait atteint 54,3%. La France fait un peu mieux, puisque ce sondage crédite les intentions de vote à 47%. La Pologne est la mauvaise élève de l’Europe car seul 17% des Polonais sont certains d’aller voter, suivis des Autrichiens et des Britanniques

Dans le détail : Sont certains d’aller voter (Source Libération)

- la Pologne (17 %)
- l’Autriche (21 %),
- la Grande-Bretagne (22 %),
- le Portugal (24 %),
- la Slovaquie (25 %),
- la République tchèque (26 %),
- la Hongrie et l’Espagne (toutes deux à 27 %),
- l’Italie (30 %) et
- la Bulgarie (31 %).

Parmi les très bons élèves
- la Belgique (70 %) et
- le Luxembourg (62 %)… où le vote est obligatoire.

Suivis par
Malte et le Danemark (56 %),
la Suède (49 %),
Chypre et la Grèce (48 %),
la France et les Pays-Bas (47 %)
L’Allemagne pointe à 43 %.

Suite sur Libération

Le sondage révèle également la méconnaissance du rôle des députés européens dans l’ensemble des 27 pays membres. 64% des sondés ignorent le rôle du député au parlement européen- (Street Reporter)

Un bien sombre pronostic pour un Parlement européen qui revendique haut et fort sa légitimité démocratique comme le fait remarquer Euronews mais il y a pire : "lorsqu’on les interroge sur les thèmes qu’ils souhaitent voir développés durant la campagne, les Européens répondent en premier lieu chômage et croissance. Mais ils manifestent aussi massivement leur perte de confiance. 62% des sondés estiment que leur vote ne changera rien."

Nous ajouterons que ces résultats provisoires correspondent à la frénésie d'intégration de nouveaux pays dans l'Union sans aucune ressources financières dignes de ce nom. En effet, les efforts consentis en leur temps pour l'Espagne ou le Portugal ne l'ont pas été pour les nouveaux entrants qui ont du privatiser et surtout jouer la carte de la fiscalité avantageuse pour attirer entreprises et capitaux. En fin de compte, tout ce qui était services publics a été bradé et le chômage est devenu une réalité endémique pour ces nouveaux entrants.

Cet échec est d'autant plus cuisants que la majorité des anciens pays de l'Est considèrent qu'ils s'en sortiraient mieux en s'alliant directement aux Etats Unis !!!

La possible reconduction de José Manuel Barrosso et la nomination de commissaires thuriféraires du libéralisme et du libre échange ne devrait rien arranger. Car en effet, si l'élection des députés européens reste démocratique, l'élection de la commission et de son président échappent toujours aux citoyens. Et lorsqu'on connaît la toute puissance des commissaires, on se demande bien en quoi élire un député européen aux pouvoir limités a la moindre valeur pour l'avenir.

C'est dommage, mais c'est comme ça !!!

Attention quand même à ce que le rêve des fondateurs ne devienne un repoussoir pour les citoyens d'Europe qui pourraient bien à court terme en faire l'objet de toutes ... leurs colères ...

13 avril 2009

"Kit de survie" pour patrons séquestrés par des salariés licenciés déterminés

Jusque là, tout allait bien. Les DRH (pour les plus grandes entreprises) et les employeurs (pour les autres) annonçaient des plans de départ ou des réductions d'effectifs sans pour cela encourir la moindre réaction.

Les seuls arguments de la mondialisation et de la sauvegarde de l'outil de travail permettaient de voir les salariés désignés quitter l'entreprise sans jamais renâcler. Belle époque des actionnaires "seuls maîtres à bord" et des salariés "variables d'ajustement" des rendements à deux chiffres.

Seulement le jeu a pris fin et le principe de l'addition présentée exclusivement aux salariés (qui devraient une fois de plus comprendre qu'ils doivent assumer seuls la profonde crise économique et sociale) ne fonctionne plus !!!

Bien loin des propos Sarko/guaino/soubiziens sur la répartition par 1/3 des résultats des entreprises, qui a immédiatement séduit le MEDEF : "Interrogée sur l’idée d’une répartition des profits entre les salariés, les actionnaires et les investissements, Laurence Parisot se dit « favorable à un débat sur le sujet. Mais penchons nous sérieusement sur la question » car « la répartition de la richesse dans l’entreprise relève d’une formule un peu plus compliquée qu’une recette de trois tiers et de quatre quarts ! » Face à l’urgence de la situation, l’Etat doit agir, certes. Mais il doit s’arrêter à la frontière au-delà de laquelle la créativité de l’entrepreneur meurt" - Source MEDEF 67 et d'ajouter au sujet des mutations indispensables de nos économies, avec l'humour que l'on connaît : "Regardez comme il est devenu difficile de rouler en 4x4 ! " ce qui est assez amusant pour quelqu'un qui roule en Porshe et Maseratti !!!

Christine Lagarde n'est pas en reste en déclarant : "Il y a des centaines de milliers de chefs d’entreprise qui se lèvent tous les matins en pensant à leurs salariés, aux innovations qu’il faut trouver. C’est le cas de l’immense majorité des chefs d’entreprise, pour qui j’ai du respect et de l’admiration" Elle aurait pu ajouter que des millions de salariés de lèvent eux aussi tous les matins pour développer les innovations de leurs entreprises. Mais dans leur cas, pas de marque d'admiration ...

Contrairement à ce qu'on disait en 68, le slogan : " Le patron a besoin de toi, tu n'as pas besoin de lui" est devenu : "Le patron n'a pas besoin de toi, tu as besoin de lui" . Et pour cause, l'emploi est partit sans que les responsables de la France n'essayent de mettre en place la moindre politique industrielle.

Les seniors qu'on essaye, contre vent et marrée de pousser jusqu'à 65 ans seront sans nul doute ravis d'apprendre que : "Crise et envolée du chômage obligent, la mesure phare du plan pour l’emploi des salariés âgés n’entrera sans doute pas en vigueur. Promulguée en décembre dernier, la loi de financement de la Sécurité sociale prévoyait des pénalistes substantielles – une cotisation de 1 % de la masse salariale – pour les sociétés qui ne trouveraient pas un accord sur l’emploi des salariés âgés d’ici au 1er janvier 2010. Le gouvernement aurait renoncé à publier les décrets nécessaires pour leur application. L’exécutif estime en effet difficile de contraindre les entreprises à embaucher des salariés âgés quand nombre d’entre elles sont en train de réduire leurs effectifs. "Le MEDEF, qui s’était opposé aux sanctions envisagées, a tout lieu d’être rassuré" Source MEDEF 67

Alors, lorsqu'on est salarié et qu'on sait que la perte de son emploi va remettre en cause les remboursements de l'habitation principale, que la formation ne servira à rien puisque les besoins de l'économie française en termes de salariés sont de moins en moins en moins importants, que les élus, nationaux comme locaux ne peuvent rien, qu'en peu de temps, les minima sociaux seront la seule réalité et que, quoi qu'il arrive ses enfants auront la précarité pour avenir, baisser les yeux et se taire n'est plus de mise !!! Et tant pis si le patron ou le cadre dirigeant découvre pour quelques heures le "bossnapping"

Joli mot que le "bossnapping". C'est une adaptation linguistique ou plus simplement un usage du politiquement correct pour expliquer la geste ultime de la colère de ceux qu'on congédie. Surfant sur cette tendance, Xavier Tedeschi, qui dirige Horémis, un cabinet de ressources humaines, propose aux victimes du "bossnapping", la version patronale du kidnapping, un kit de survie. Contenant un téléphone portable dont le patron aura au préalable enregistré les numéros indispensables (pompiers, Samu, famille, banquiers, psy) et, bien sûr, une chemise, un slip et une veste de rechange. Il n'y a rien qui froisse davantage un costume, même siglé Armani, qu'une station assise prolongée - Source Le JDD

Et le kit de survie devrait avoir de plus en plus de succès lorsqu'on apprend que : "Après avoir été séquestrés une journée dans leur bureau, quatre cadres de l'usine Scapa de Bellegarde-sur-Valserine (Ain), se sont résolus à doubler les primes de départ pour licenciement de cette entreprise. Peut-être auraient-elles quadruplé si les otages avaient passé deux fois plus de temps en détention - Source Le Monde

Nous serions tentés de dire que le MEDEF aurait pu ajouter à son code éthique des clauses de négociations favorables aux salariés licenciés, ce qui aurait peut être éviter ce genre d'aventures. Mais en France, comme partout dans le monde d'ailleurs, il n'existe aucun acquis qu'un n'ait été obtenu par la lutte des salariés et parfois aux marges de la légalité.

Dans ce contexte, on a pu noter très récemment les déclarations d'un patron français de PME, Pierre Gattaz, Président du Directoire du groupe Radiall.

En marge de la publication des résultats 2008 du groupe Radiall, Pierre Gattaz a condamné fermement, mardi dernier sur Europe 1, les prises d'otages des patrons d'entreprises et l'utilisation de la contrainte afin de les astreindre à infléchir leurs décisions. Certes, le patron de Radiall comprend la crainte du lendemain, mais condamne fermement ces agissements...

"Je pense qu'on a un problème.... On a peur du lendemain... On a peur d'être licencié et de ne pas trouver du travail facilement. Or on ne peut plus avoir un emploi à vie ! En France, par rapport à la mondialisation, les crises qui reviennent et qui repartent, on doit habituer les salariés, les former pour qu'ils soient employables le mieux possible (...) et éventuellement en faire partir quelques uns tout en sachant qu'ils ne vont pas rester 3 ans au chômage ! Cela permettrait d'éviter des situations de panique et de stress que l'on comprend... D'ici à aller séquestrer des cadres et les patrons, je ne suis pas du tout d'accord ! A mon avis, le patron a tout fait pour essayer de sauver sa boîte, son usine... même quand il appartient à un groupe international ! Les dirigeants d'entreprises et des filiales d'entreprises françaises se battent comme des fous pour garder l'emploi. Je pense que là on tombe dans une extrémité qu'il ne faut pas passer, sinon c'est la porte ouverte à n'importe quoi ! Etre anxieux, bien sûr ! Bien évidemment ! Aller jusqu'à séquestrer non !" a plaidé Pierre Gattaz. - Source Challenge

C'est tout oui ? Nous aimerions rappeler à Monsieur Gattaz fils que son père lorsqu'il dirigeait le CNPF (ancêtre du MEDEF) était un adepte de l'allègement des procédures de licenciements qui devaient selon lui permettre aux entreprises d'embaucher massivement !!! Le ton est plus ferme que le père et surtout plus cynique : " Or on ne peut plus avoir un emploi à vie ! En France, par rapport à la mondialisation, les crises qui reviennent et qui repartent, on doit habituer les salariés, les former pour qu'ils soient employables le mieux possible (...) et éventuellement en faire partir quelques uns tout en sachant qu'ils ne vont pas rester 3 ans au chômage !"

Mais Monsieur Gattaz, les salariés n'ont aucune illusion sur leur durée de vie dans les entreprises !!! Par contre, il trouvent un peu "fort de café" de vous entendre vous défausser sur les pouvoirs publics pour "recycler" les éclopés de votre système pour éventuellement les remette dans le circuit sans que vous n'ayez à assumer aucune responsabilité.

Car, aujourd'hui et de plus en plus, l'entrepreneur ne se définit plus comme une composante de la société française mais comme un acteur économique au dessus de toutes les solidarités. La vulgate libérale leur a donné un crédo : "c'est à l'état de se charger de ceux qu'on ne peut ni veut garder". Le raisonnement issu de l'expérience Danoise qui consiste à ne plus verser d'indemnités de licenciement à des salariés ayant moins de 8 ans de présence dans l'entreprise et le placer dans des programmes d'état qui sont censé le rendre à nouveau employable a beaucoup séduit y compris au Parti Socialiste. Elle a beaucoup séduit également dans les milieux patronaux mais à condition que le prix à payer pour le budget de la nation ne soit pas équivalent à celui du Danemark (environ 6% du budget national)

La seule idée actuellement en cours pour les chômeurs émane de la CFDT et porte le nom de FISO

Nicolas Sarkozy et les partenaires sociaux ont installé vendredi, dans un climat plutôt consensuel, le Fonds d'investissement social (Fiso) pour la formation et la reconversion professionnelles des salariés les plus touchés par la crise économique. Dans un premier temps, 2 milliards d'euros, pour la seule année 2009 selon l'Elysée, devraient être consacrés à ce Fonds, qui doit permettre, a déclaré le président de la République, de "mettre à profit cette période de crise et de baisse d'activité dans beaucoup d'entreprises pour former les salariés et préparer l'après-crise (...) plutôt que de les licencier".

... / ..."L'Etat a pris ses responsabilités, il attend maintenant que les partenaires sociaux prennent les leurs et mobilisent les fonds dont ils disposent dans des proportions équivalentes (...)", a fait savoir le chef de l'Etat. Le patronat et les syndicats devraient apporter "entre 400 et 500 millions d'euros", selon des sources concordantes. Il s'agira en fait de redéploiements de crédits, venant d'un fonds de la formation professionnelle et de l'assurance chômage. Les chefs des cinq centrales syndicales ont critiqué le montant de la dotation de l'Etat. François Chérèque (CFDT) militait pour un financement total "de 5 à 7 milliards d'euros". Bernard Thibault a jugé l'effort de l'Etat "très largement insuffisant".

Toutefois, selon M. Chérèque, Nicolas Sarkozy "s'engage à rajouter des moyens si le système fonctionne et qu'il est nécessaire d'en faire plus", ce qu'a confirmé l'Elysée. Parmi les projets susceptibles d'être financés par le Fiso, le président a cité la "formation professionnelle pour les salariés exposés par la crise" et une meilleure indemnisation de ce qu'il appelle "l'activité partielle" plutôt que le chômage partiel - Source AFP Google

Tout ceci est dérisoire lorsqu'on sait que :

- Continental met de son côté les bouchées doubles pour développer son site roumain de Timisoara (12 millions de pneus produits sur l’année 2008) en lieu et place de Clairoix (Oise) et d’Hanovre en Allemagne.

- Le Pôle emploi a annoncé vendredi que les intentions d’embauches des entreprises allaient chuter de près de 24 % en 2009. 16,9 % des employeurs envisagent de recruter cette année contre 23,4 % en 2008. Les postes d’ouvriers dans l’industrie manufacturière, l’automobile et le bâtiment sont les plus touchés, les intentions d’embauche y ont baissé de moitié. Les offres pour les métiers de la vente ou du tourisme chutent de 13 % - Source France Soir

- Premier à bénéficier du Fonds de modernisation des équipementiers automobiles (FMEA), l'équipementier automobile français Trèves supprimerait au moins 700 emplois et fermerait trois usines en France

- Le tribunal de commerce de Niort se penchera sur la situation financière de l'équipementier automobile Heuliez (1.000 salariés), menacé de liquidation judiciaire.

- L'usine Sony de Pontonx-sur-l'Adour (Landes), qui compte 311 salariés, fermera définitivement ses portes le 17 avril.

- Chez Caterpillar, à Grenoble, les salariés ont obtenu une diminution du nombre de postes supprimés (de 733 à 600, dont 400 licenciements secs) et une augmentation - de 48,5 à 50 millions d'euros - de l'enveloppe globale du plan social. En échange, la direction a exigé l'aménagement du temps de travail et une convention de chômage partiel garanti sur quatre ans.

- Arcelor Mittal a annoncé, mercredi, l'arrêt de la production sur son site de Florange, en Moselle. Les hauts fourneaux resteront éteints jusqu'en septembre, d'après la CGT. La faute à la crise, au ralentissement de l'industrie automobile et aux difficultés du BTP... Pour les 1000 employés de l'aciérie, c'est le chômage technique en perspective. Alors que l'usine de Gandrange fermait définitivement ses portes mardi dernier -malgré les promesses du chef de l'Etat qui assurait, en février 2008, qu'il ne "laisserait pas tomber" les salariés- les métallos de Florange, dont certains viennent d'ailleurs de Gandrange, s'inquiètent sérieusement. Que vont-ils devenir pendant l'arrêt de l'aciérie? Certes, la direction leur a assuré que cet arrêt serait "temporaire"

Alors, à quoi va t-il servir ce Fonds d'investissement social puisqu'aucun secteur n'est épargné ? Où va t-on trouver des entreprises en recherche de salariés même formés ?

C'est pourquoi, quitte à plonger dans l'illégalité de la prise d'otage, les salariés se disent qu'il vaut mieux prendre un peu plus d'argent et improviser, si c'est possible, dans le futur. Le malaise qui en ressort est clairement montré par deux sondages récents :

les Français semblent, eux, comprendre, voire approuver ces actions. Deux sondages ont démontré cette bienveillance. Une étude CSA pour Aujourd'hui-Le Parisien (réalisée les 1er et 2 avril sur un échantillon de 1 012 personnes) montre que 45 % des Français trouvent cette méthode de contestation "acceptable".

Un autre sondage, effectué par l'IFOP pour Paris Match (les 2 et 3 avril auprès de 1 010 personnes), révèle que 30 % des Français approuvent les séquestrations de dirigeants et que 63 % disent les comprendre. "

La sympathie à l'égard des grèves et des manifestations semble désormais s'étendre aux actions plus radicales. Les révélations sur les rémunérations de certains dirigeants, les annonces successives des plans de licenciement dans des entreprises qui dégagent des bénéfices, les dividendes versés aux actionnaires dans un contexte de récession générale, ont provoqué un sentiment d'indignation largement partagé.

C'est dans des sites menacés de fermeture ou par un plan de licenciement sévère, et dans lesquels le dialogue social est dans l'impasse, que les salariés décident de retenir leur patron ou leurs cadres. "Ces salariés veulent exprimer une colère, une indignation, d'autant plus grande qu'ils ont l'impression d'être dans une situation économique qui dure et des négociations bloquées, remarque Isabelle Sommier, directrice du Centre de recherches politiques de la Sorbonne. Retenir son patron apparaît alors comme un sursaut de dignité pour attirer l'attention sur leur sort injuste." "Ce ne sont pas des actions préparées, mais un moyen de pression supplémentaire, l'arme ultime de la négociation", souligne de son côté Guy Groux, chercheur au Centre d'étude de la vie politique française. - Source Le Monde

En attendant, jeudi à Paris, les valeurs financières profitaient de l'effet Wells Fargo. Axa a grimpé de 7,11 %, Crédit agricole de 3,81 % et BNP Paribas de 2,78 %. À noter également la belle performance d'ArcelorMittal. Le titre a pris la tête du CAC 40 avec un gain de 8,91 %. Les investisseurs semblent apprécier la réactivité du groupe face à la baisse de la demande d'acier.

La refondation d'un capitalisme vertueux qui placerait l'individu au centre du système attendra encore un peu semble t-il. Nous ne sommes pas persuadés que ceux qui le subissent écoutent encore longtemps les contes et légendes qu'on entend leur faire prendre pour argent comptant.

A moins que la fabrication de Kits se survie ne relance ... l'emploi ?