29 juillet 2011

Les idées du Medef pour l'emploi des jeunes : Sets de tables et bénévolat ?

La posture du Medef sur l'emploi des jeunes est de plus en plus montrée du doigt. Celui-ci ne cesse pourtant d'expliquer son implication, pour améliorer leur recrutement. Mais du discours à la réalité de terrain ...

« Le chômage des moins de 25 ans a ainsi progressé de 1,4% en juin (...) parallèlement, les entrées en stages ont enregistré une forte hausse en juin (18%) » écrit France Soir. Et même si le gouvernement va essayer de déployer une stratégie de nouveaux secteurs à l'apprentissage, comme : « l'intérim, les emplois saisonniers ou le particulier employeur (...) » C'est à dire : apprentis précaires ou futurs personnels de maison. Il ne peut pas grand chose contre la frilosité en matière de recrutement de jeunes par les entreprises.

Frilosité qui avait été dénoncée par Laurence Parisot lors des : « Libres Échanges du lundi 31 janvier 2011 sur le thème : Emploi des jeunes : la balle dans le camp des entreprises ?, organisés par l'Institut Montaigne » Au cours desquelles elle déclarait

« (...) Toutes les idées sont les bienvenues, toutes les idées peuvent être mises sur la table sur cette question de l'emploi des jeunes (...) Développer l'emploi des jeunes, c'est développer l'emploi d'une manière générale (...) nous pourrons peut être améliorer un certain nombre de mécanismes : Supprimer les dysfonctionnements, optimiser telle ou telle modalité (...) »


Débat Emploi des jeunes : Laurence Parisot (2/6)

avant de mettre en cause, comme d'habitude, l'organisation du marché du travail, qui privilégie ceux qui ont un emploi, et qui empêchent les jeunes d'en trouver un. Puis de fustiger (gentiment) le « formatage des DRH » (qui bien entendu sont autonomes par rapport aux employeurs !) la mauvaise habitude des entreprises de ne « signer que des CDD au lieu de CDI » et d'affirmer que dans ce domaine, « il y a vraiment une évolution à encourager »

En termes de « bonnes idées qui peuvent êtres mises sur la table » on peut signaler celle du Medef Sarthe qui vient de lancer, avec l'aide la mission locale mancelle : « (...) un projet original pour dix jeunes en recherche d'emploi » nous expliquait Ouest France

En quoi consistait-il ?

« Pendant six semaines, dix jeunes volontaires ont donc bénéficié du dispositif « Un choix, une rencontre, un emploi ». Au programme : atelier théâtre, mise en situation de recrutement, communication écrite. Le but de la manoeuvre : prendre confiance en soi et être préparé à un entretien d'embauche (...) »

Le « bouquet final » comme l'écrit Ouest France étant, l'impression ... de set de tables CV !

En effet : « (...) 5 000 exemplaires de set de tables comportant le CV des jeunes volontaires ont été disposés dans 13 restaurants du Mans, afin d'attirer l'oeil des chefs d'entreprises (...) Ils ont dû démarcher les restaurateurs afin qu'ils acceptent une nouvelle décoration de leurs tables (...) » Et Ouest France de préciser, que dans l'un des restaurants : « (...) les chefs d'entreprise présents sont étonnamment surpris : « On ne s'imaginait pas un instant que l'on pourrait trouver un CV qui nous intéresse pendant notre pause-déjeuner ! »

Bilan de cet intérêt ? : Dans l'immédiat, la plus chanceuse des volontaires a obtenu ... un entretien et : « est désormais en attente de recrutement, dans le domaine de la petite enfance »

Mais on sait également faire preuve d'initiatives pour l'emploi des jeunes à la Réunion. En effet, la SR21 ( agence réunionnaise de développement durable et d’innovation ) vient de lancer un appel à candidature, pour fournir une équipe de participants capables de : « vanter les atouts économiques de la Réunion (...) » au Medef Réunion en vue de l'Université d'été du mouvement, du 31 août au 2 septembre.

A cette occasion : « (...) le MEDEF Réunion occupera un stand de 24 m² dédié à la valorisation économique de l’île de La Réunion et de son réseau d’entreprises (...) »

Quelle sera la mission de ces jeunes : « (...) dynamiques, sérieux et au fait des réalités économiques de La Réunion (...) ?

Et bien : « La valorisation du territoire réunionnais : environnement des affaires, expertises, position géostratégique… La valorisation des entreprises du MEDEF Réunion et la mise en relation »

Et quel sera le contrat qui leur sera proposé ? Aucun, puisque ces jeunes « (...) dynamiques, sérieux et au fait des réalités économiques de La Réunion (...) seront ... bénévoles.

Merci qui ?


Crédit et copyright photo
Ouest France

28 juillet 2011

Nous serons tous un jour des salariés seniors ... au chômage !

Quelques semaines après que Medef et UMP aient proposé de supprimer la durée légale du temps de travail, les chiffres du chômage sont tombés et ils sont très mauvais, surtout pour les seniors qui voient l'emploi s'éloigner de plus en plus !

Il faut se faire une raison : le gouvernement a prouvé son impuissance à trouver des solutions pour endiguer le chômage qui frappe de plus en plus de français. En effet, malgré les incantations et les satisfecits du mois de mars, fin juin 2011, 4 103 700 personnes étaient inscrites à Pôle Emploi (catégories A, B, C)

Incantations comme celle de Laurent Wauquiez, alors en charge de l'emploi qui se félicitait de la : « Mobilisation des branches professionnelles sur l'emploi des seniors »

« Pour la première fois ça bouge (...) On a envoyé un message clair aux entreprises. Elles disent OK, on a compris, c'est pas facile pour nous on va essayer de faire bouger les choses. Notre but c'est de deshooter notre pays à ce quoi il s'est trop habitué : Mettre les seniors dehors ! On ne gère pas la politique de l'emploi en mettant les seniors dehors (...) »


wauquiez : emploi seniors


Et quel est le bilan de ce « deshootage »?

« (...) les seniors sans travail de catégorie A sont de plus en plus nombreux. Les plus de 50 ans étaient 544 300 en juin 2011, soit une progression de 2% en un mois et de 13% en un an. Si l'on réunit les trois catégories A, B et C, le nombre de chômeurs seniors s'élève à 797 800, soit un accroissement mensuel de 1,5% et annuel de 14,3%. Les femmes de plus de 50 ans au chômage (413 600) restent plus nombreuses que les hommes (384 200). Quant à la durée moyenne d'inscription sur les listes de Pôle Emploi des sortants (catégorie A, B et C), elle augmente aussi chez les seniors en juin, de 14 jours pour s'établir à 413 jours, contre 265 jours pour les personnes entre 25 et 49 ans et 142 jours pour les moins de 25 ans. Sur un an, la durée d'inscription des plus de 50 ans augmente de 72 jours, contre 30 jours pour ceux âgés de 25 à 49 ans et 14 jours pour les moins de 25 ans (...) » - Tout sur la Retraite

Car, le fameux texte auquel Laurent Wauquiez faisait référence est une imposture en termes d'emploi des seniors au chômage puisqu'il indiquait : « (...) L’entreprise A a un effectif de 47 salariés constaté au 31 décembre 2009. Elle n’est pas redevable de la pénalité tout au long de l’année 2010. Fin décembre 2010, son effectif s’établit à 51 salariés. Elle est redevable de la pénalité à compter du 1er janvier 2011, si elle n’a pas établi un plan d’action ou conclu un accord, ou si la branche à laquelle elle appartient n’a pas conclu un accord validé et étendu (...) »

Et dans le cas ou des accords ont été conclus, sur quoi ont-ils porté ?

Il suffit de lire le bilan de mai 2010 établi par Intelligence RH qui indique : « (...) Dans leur majorité, les textes signés ne citent que trois domaines d’action avec des objectifs chiffrés, en cohérence avec la loi. Parmi ces domaines d’action, le recrutement des salariés âgés est le moins souvent retenu. Par ordre décroissant, les domaines d’action les plus fréquemment retenus sont les suivants :
Développement des compétences et des qualifications et accès à la formation (retenu dans 64 accords)

Transmission des savoirs et des compétences et développement du tutorat (retenu dans 64 accords)

Anticipation de l’évolution des carrières professionnelles (retenu dans 63 accords)
Amélioration des conditions de travail et prévention des situations de pénibilité (retenu dans 44 accords) Aménagement des fins de carrière et de la transition entre activité et retraite (retenu dans 43 accords) et
Recrutement des salariés âgés (retenu dans 19 accords)»

Alors, soyons clair : Les entreprises avec la bénédiction du gouvernement après avoir usé et abusé des plans sociaux et de la rupture conventionnelle ne veulent plus embaucher de seniors. Et ce ne sont pas les formations alibis, les exonérations de charges sociales ou les primes à l'embauche qui changeront les choses.

Alors, qu'attendent le Président de la République et Xavier Bertrand pour convoquer les organisations d'employeurs pour leur demander d'appliquer ce que le Medef affirmait en 2008 : « Le MEDEF s’engage pleinement à tout faire pour augmenter le taux d’emploi des seniors dans le secteur privé (...) » Puis en 2009 : « (...) L’emploi et le maintien dans l’emploi des seniors font partie des objectifs prioritaires (...) Rompre avec la culture de la sortie précoce d’activité est une nécessité, ne serait-ce que pour faire face aux enjeux démographiques et préserver les régimes de retraite (...) Pour y parvenir, une véritable révolution des esprits a été ébauchée et doit se poursuivre (...) »

Mais probablement qu'ils ne le feront pas dans la mesure où ils continuent à vivre sur une planète où : « (...) la vérité, c'est que plus il y a de gens qui travaillent, plus on crée de richesses, plus il y a de croissance et plus il y a de travail pour tout le monde (...) » Comme le déclarait Nicolas Sarkozy en 2008 !

Néanmoins, ce matin, sur Europe1, Xavier Bertrand, entre deux voyages militants, a plaidé pour ... la patience et ... les heures supplémentaires défiscalisées ! Et oui, avec 4 103 700 personnes inscrites à Pôle Emploi, il y en a encore qui essayent de nous vendre le « travailler plus pour gagner plus » !


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Le Point

27 juillet 2011

« Conseil de déontologie » : Un projet UMP pour museler les journalistes ?

Un député UMP vient de déposer une proposition de loi : « visant à instituer un conseil national de déontologie journalistique » Cette proposition n'est-elle pas simplement une vendetta contre certains médias ayant mis à mal des élus et ministres de la majorité présidentielle ?

Depuis bien longtemps, le mois de juillet est traditionnellement celui dont les parlementaires profitent, pour présenter des propositions de lois, difficiles à présenter en temps normal. Exemple, le 13 juillet 2011, le député UMP Jean-François Mancel a fait enregistrer à la Présidence de l’Assemblée nationale une proposition de loi : « visant à instituer un conseil national de déontologie journalistique »

Que dit-elle ?

« Les exemples ne manquent pas pour illustrer les excès auxquels certains journalistes peuvent succomber. Les atteintes au secret de l’instruction, au secret défense, à la dignité et à la vie privée de la personne sont autant d’abus qui ont connu une certaine recrudescence ces dernières années. (...) ces excès sont surtout imputables à la surenchère médiatique, course effrénée à l’audimat et aux tirages, qui conduit parfois à occulter les droits les plus essentiels de la personne et les exigences qualitatives de la profession (...) Ces principes ne sont pas une idée nouvelle et beaucoup sont déjà définis par des chartes nationales et internationales, à l’instar de la Charte de Munich du 24 novembre 1971. Cependant, faute d’un accord, la convention collective nationale de travail des journalistes du 1er mars 1976, qui a force de loi depuis le décret d’extension ministériel du 2 février 1988, ne contient aucun protocole annexé traitant des questions d’éthique ou de déontologie (...) »

Charte de Munich à laquelle se réfèrent notamment les membres du Syndicat de la Presse Indépendante d'information en ligne (SPIIL) dont les membres fondateurs sont : @rret sur images, Indigo Publications, Mediapart, Rue89, Slate, Terra eco et dont certains ont affolé le monde politique, comme Rue89 et surtout Mediapart, qui s'est illustré dans l'affaire dite « Woerth/Bettencourt »

Or, il faut savoir que Jean-François Mancel, avant de devenir son mentor, a engagé dans les années 80 : « un jeune diplômé, fort d’une première expérience chez Arthur Andersen, pour diriger l’Agence de développement de l’Oise : Eric Woerth »

Il fut d'ailleurs un de ses plus fervents défenseurs comme l'atteste un billet publié sur son blog le 11 septembre 2010 : « (...) la dérive de certains médias et journalistes qui se moquent totalement de la vérité et du respect des personnes instaure progressivement une démocratie de la haine. Je viens de le constater en suivant depuis des semaines cet acharnement sordide contre Eric Woerth (...) » et de conclure par : « (...) C’est pourquoi j’ai proposé de créer (...) un véritable code déontologique (...). C’est l’intérêt de la presse car l’autorégulation actuelle n’est plus en phase avec l’évolution des temps (...) »

La vengeance étant un plat qui se mange froid, c'est donc en juillet 2011 que notre député aura déposé sa proposition de loi ! Comment envisage t-il le fonctionnement de son « conseil national de déontologie journalistique » ?

Explications d'Olivier Da Lage (1) : « (...) selon le quatrième alinéa de l’article 2 de cette proposition de loi, le conseil comprend « sept membres représentant la société civile, extérieurs aux métiers du journalisme et de l’édition, ayant répondu à un appel à candidature et sélectionné par un comité dont la composition sera fixée par décret et après avis des commissions parlementaires compétentes ». Vu que les décrets, par définition, sont pris par le gouvernement et que les commissions parlementaires reflètent la majorité du moment, ce n’est pas beaucoup s’avancer que d’affirmer que les « représentants de la société civile » seront, dans la pratique, choisis par le pouvoir (...) Cette volonté de mise sous tutelle est d’autant plus évidente à la lecture de l’alinéa 7 du même article, qui prévoit qu’« est adjoint au comité exécutif du conseil national de déontologie journalistique avec voix consultative un représentant du ministère de la culture et de la communication ». Non seulement un représentant du ministère siégerait dans cet organisme, mais il aurait une voix consultative (...) Si ce n’est pas le retour au ministère de l’Information, cela y ressemble diantrement (...) »

Et même si l’Association de préfiguration d’un Conseil de presse (APCP) relativise les propos d'Olivier Da lage, elle ne manque pas d'écrire : « (...) Le projet du député de droite concrétise sans doute l´énervement de nombre de membres de la majorité qui enragent d´être malmenés par les journaux. En ce sens, et en prévision des élections présidentielles, il est certainement opportuniste (...) » et certainement un peu ... revanchard !

Mais, l'ambition de notre député n'est-elle pas de remettre au goût du jour « l'actualité heureuse » diffusée il y a quelques années par « Jours de France », ce concept créé par Marcel Dassault (qui fut son mentor politique) afin que les français puissent rêver, à nouveau sur des pages de mode, de chronique mondaine, ... et redécouvrir des dessins bien conservateurs de Jacques Faizant ou les « sympathiques » parisiennes de Kiraz au lieu de se repaître de : « la dérive de certains médias et journalistes qui se moquent totalement de la vérité et du respect des personnes » Non mais !


(1) Journaliste à RFI, syndicaliste SNJ, vice-président de la FIJ (Fédération internationale des journalistes) et ancien président de la Commission de la carte d´identité des journalistes professionnels (CCIJP)

26 juillet 2011

Obésité en France : L'industrie alimentaire ni responsable ni coupable ?

Sans communication excessive, le ministère de la Santé a lancé, son Plan obésité 2010-2013. Programme de bonnes intentions, il fait totalement l'impasse sur les produits industriels trop gras, trop sucrés ou trop salés pourtant premiers responsables de l'obésité !

Les slogans : « Evitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé », « Evitez de grignoter entre les repas » et « mangez bougez » ne donnent pas les résultats escomptés par les pouvoirs publics qui reconnaissent que : « (...) En France, près de 15 % de la population adulte est obèse. La prévalence était de l’ordre de 8,5 %, il y a douze ans. Un enfant sur six présente un excès de poids (...) Les conséquences sur la santé sont dominées par le diabète et l’hypertension, les maladies cardiovasculaires et respiratoires, les atteintes articulaires sources de handicap et certains cancers (...) - Site du Premier Ministre

En clair, même si le gouvernement refuse de le dire : L'autodiscipline que devaient s'appliquer les industriels de l'agroalimentaire, validée par ce même gouvernement, est un désastre !

Il est amusant de noter que le plan précédent datant de 2006 avait été été présenté par ... Xavier Bertrand qui indiquait à l'époque que : « (...) avec le PNNS 2, nous demandons aux industriels de mieux élaborer leurs produits (...) Le PNNS 2 reprend les dix principes généraux du PNNS 1 mais en les élargissant. On y retrouve des principes fondamentaux et auxquels les professionnels de l’alimentation, en particulier ceux des métiers de bouche, sont attachés : aucun message émanant du PNNS ne saurait interdire ou bannir la consommation d’un quelconque aliment (...) » pouvait-on lire sur le site de la Confédération générale de l'alimentation de détail

Au delà du fait, qu'aucun progrès n'a semble t-il, été réalisé, pour diminuer le trop gras, le trop sucré et le trop salé, comme le souhaite le Programme Nutrition santé sur son site :

« (...) Réduction de la contribution moyenne des apports lipidiques totaux à moins de 35% des apports énergétiques journaliers, avec une réduction d’un quart de la consommation des acides gras saturés au niveau de la moyenne de la population.
Réduction de 25% la consommation actuelle en sucres simples, et augmentation de 50% la consommation de fibres.
Réduction de la consommation moyenne de chlorure de sodium (sel) à moins de 8g par personne et par jour (...) »

On notera aussi que, l'une des propositions (Page 5) émise dans la : Synthèse des propositions des Sociétés savantes et d’experts en nutrition, publiées à l'automne 2010, et concernant le PNNS 2011-2015 : « (...) La régulation de la publicité télévisée aux heures de grande écoute des enfants et le développement en volume horaire des campagnes nationales nutrition santé (...) » et qui proposait :

« - de réguler la publicité aux heures de grande écoute des enfants pour les produits particulièrement gras, sucrés ou salés sur la base de normes élaborées par des spécialistes de la nutrition et par le PNNS ;
- d’imposer un volume horaire minimal de campagnes nutrition INPES ou du PNNS à ces heures à des tarifs préférentiels et ceci quel que soit le volume horaire ;
- initier la réflexion en vue de réduire la pression publicitaire qui s’exerce sur les enfants via les autres canaux de communications très largement utilisés par les industriels : Internet, merchandising, placement de produits dans les films, etc »

Ne figure en aucune place dans le document officiel disponible sur le site du gouvernement.

Rappelons pour mémoire qu'en 2009 : « (...) les députés de l'Assemblée Nationale ont voté contre un amendement qui souhaitait interdire les publicités pour les produits sucrés ou gras à la télévision « dans les quinze minutes qui précèdent et suivent » des programmes pour la jeunesse, principale cible de l’obésité. La ministre de la Santé, de l'époque, Roselyne Bachelot, s'était opposée à cet amendement, estimant qu’il n’était pas nécessaire puisque les publicitaires et professionnels de l'audiovisuel ont signé une charte de bonne conduite contre l'obésité chez les enfants (...) »

La seule référence à l'implication d'entreprises est à découvrir en page 38 du nouveau Plan Obésité. Il concerne : « (...) La vente de compléments alimentaires, d’appareils, de méthodes ou produits divers, faisant état d’une action sur l’amaigrissement dans différents médias (...) » et même si les rédacteurs du document reconnaissent que leur efficacité : (...) ne repose, dans la majorité des cas, sur aucun argument justifiant ces allégations (...) » Hors de question de les interdire à la vente, puisque : L’objectif est d’engager les opérateurs concernés à s’assurer de la conformité à la réglementation en vigueur des produits (...) via des mesures d’autodisciplines (...) » qui seront élaborés ... en 2012 pour une finalisation en ... 2013. Jusqu'à là ....

Néanmoins, le gouvernement a trouvé un responsable : Les consommateurs !

En effet, on peut lire sur le site du Premier Ministre : « (...) L'obésité ne saurait se résumer à une alimentation déséquilibrée ou à un apport hypercalorique. Elle est la résultante de nombreux facteurs tels que le mode de vie, les impacts environnementaux, les déterminants sociaux, les contraintes économiques, les facteurs biologiques, les prédispositions génétiques (...) les pouvoirs publics s’engagent résolument dans la prévention de l’obésité, l’amélioration de sa prise en charge, la coordination des soins au niveau national et territorial, tout en accroissant l’effort de recherche (...) »

On pourrait en rire, si ce n'était pas si grave ! Au delà du fait qu'une alimentation saine est hors de prix et que les campagnes de prévention ont prouvé leur inefficacité, il est ahurissant de constater qu'on préfère consacrer des sommes qui seront de plus en plus astronomiques à la recherche sur l'obésité plutôt qu'interdire la vente de produits qui la provoque !

Constat étayé par le refus de Xavier Bertrand, ministre de la santé, de légiférer sur le sujet comme il l'a prouvé lors de son voyage express aux Antilles où : « De nombreux produits commercialisés en Outre Mer présentent une teneur en sucre supérieure à celle que l’on retrouve dans des mets similaires en hexagone (...) Autant d’éléments qui font le lit de l’obésité dans des départements déjà fortement touchés (...) » Et où il a préféré : « (...) mandater pendant l'été les directeurs d'ARS (Agence régionale de santé) ultra-marins de façon à ce qu'ils engagent avec les fabricants dès la rentrée des discussions pour baisser la teneur en sucre des produits (...) »

Et oui, toujours cette bonne vielle autodiscipline des entreprises, face à des consommateurs irresponsables !

Que les obèses actuels et à venir le sachent, ce gouvernement et sa majorité ne : sauraient interdire ou bannir la consommation d’un quelconque aliment ... un chantage à l'emploi des organisations patronales saurait de toutes façon leur rappeler ! Et comme les élections approchent ...

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Mutualité Française

25 juillet 2011

L'UMP« tour express » de Xavier Bertrand aux Antillles et en Guyane

Privé de caravane de l'été par Jean-François Copé, Xavier Bertrand avait annoncé sa propre tournée. Antillais et guyanais auront eu moins de 24H00 pour faire valoir leur remarques et revendications au ministre ... militant ?


C'est Xavier Bertrand lui même qui avait annoncé sa volonté de compenser l'annulation du tour des plages de l'UMP par Jean-François Copé en se déplaçant tout d'abord au Touquet, dans le bassin d’Arcachon, en Vendée, en Corse et ... aux Antilles. Le tout représentant selon le JDD : 9 réunions avant fin juillet

La question qui se pose, compte tenu de la brièveté de ses séjours en Martinique, Guadeloupe et en Guyane est la suivante : S'y est-il rendu en tant que Conseiller politique de l'UMP ou comme Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé ? En effet, s'appuyant sur la décision de Xavier Bertrand, d'aller à la rencontre des militants, on pourra trouver surprenant un tel marathon sur un temps aussi si court, ne pouvant que provoquer, la frustration des élus et de la population de ces départements d'Outre Mer ?

Accrochez vous, le «Xavier Bertrand tour express » commence !

20 juillet 2011, La Martinique. Durée de la visite : moins de 24 heures

Motif de la visite : « (...) inauguration du centre hospitalier de Mangot Vulcin au Lamentin, avant de se rendre à l’hôpital de la Meynard ». Il aurait également : « rencontré les acteurs du Service Public à l’Emploi (...) » Mais évité, soigneusement, de rencontrer les responsables syndicaux de Pôle Emploi, comme nous l'explique France Antilles

« (...) C'est une visite santé alors que la Martinique est championne de France du chômage de longue durée ironisait Mario Moreau, de la CDMT-Emploi. Hier matin, à la préfecture, ce n'est pas Xavier Bertrand en personne qui a reçu les quatre syndicalistes de la CDMT-Emploi, mais Stéphane Rémy, un de ses conseillers techniques. Pendant près d'une heure la délégation, emmenée par Albéric Marcelin, secrétaire général de la CDMT emploi Martinique, a décliné une plate-forme de revendications d'une dizaine de points. Après quoi, le conseiller technique s'est engouffré dans une voiture qui l'attendait aux pieds des marches de la préfecture. Il filait rejoindre le ministre de la santé, du travail et de l'emploi à Trinité (...) »

C'est assez curieux, lorsqu'on sait que Pôle Emploi dépend de Xavier Bertrand et qu'il aurait pu apprendre que la Martinique compte : « (...) 48 000 inscrits, mais au total il y a plus de 70 000 chômeurs en Martinique. Nous sommes dans une situation pré-explosive (...) indique Albéric Marcelin qui ajoute : « (...) Le bilan de la fusion ANPE-Assedic est catastrophique (...) » dénonçant au passage : « une opération de com en évoquant la signature d'une convention de 439 contrats aidés avec le Conseil général (...) » signée à ... La Trinité.

Il aura néanmoins, trouvé le temps d'une rencontre ... avec les militants UMP locaux comme en atteste le diaporama en bas de l'article

Le 21 juillet notre ministre est en Guadeloupe : Durée de la visite 24H00.

Motif de la visite : « (...) faire le point sur les dossiers prioritaires de la Guadeloupe (...) » avec Marie Luce Penchard

« Après un dépôt de gerbe en l'honneur de Victor Schoelcher, ils se rendront au CHU pour une visite et un point presse. L'épineux dossier de la reconstruction du CHU sera forcément abordé (...) Demain matin deux réunions sont programmées, dès 9h les deux ministres participeront à une séance de travail d'une heure quarante cinq avec le Service Public de l'Emploi Régional à Jarry, puis direction l'Agence Régionale de Santé (ARS) pour une réunion sur l'obésité. Xavier Bertrand quittera la Guadeloupe à 15h00 à destination de la Guyane (...) » Domactu

Et justement, de quel ordre est-il le problème d'obésité « survolé » par Xavier Bertrand ?

C'est un dossier suivit par le ministre puisqu'il est au pilotage du Plan obésité 2010-2013 qui préconise de : « Faciliter l’accès de tous à une alimentation de qualité » et « Améliorer l’offre alimentaire » (page 7)

Or : « De nombreux produits commercialisés en Outre Mer présentent une teneur en sucre supérieure à celle que l’on retrouve dans des mets similaires en hexagone. En outre, certains sodas fortement caloriques sont proposés en Guadeloupe et en Martinique et n’existent pas en Europe. Autant d’éléments qui font le lit de l’obésité dans des départements déjà fortement touchés. Aussi, le président du Conseil régional de Guadeloupe Victorin Lurel (PS) a déposé le 9 juin une proposition de loi visant à interdire ces différences. (...) » écrit le Journal International de la Médecine

Réponse du Ministre : « Je vais (...) mandater pendant l'été les directeurs d'ARS (Agence régionale de santé) ultra-marins de façon à ce qu'ils engagent avec les fabricants dès la rentrée des discussions pour baisser la teneur en sucre des produits, pour qu'elle soit la même qu'en métropole, mais ces discussions n'ont pas vocation à s'éterniser (...) »

Ce qui fait dire au site Bonda Manjak : « (...) Dans le réel on voit très mal Christian Ursulet le directeur de l'ARS Martinique aller voir ceux qui font les yaourts, les boissons et autres nectars dans cette île où on confond pistache et cacahuète et leur dire la bouche en coeur : hé les mecs Xavier m'a dit de vous dire qu' il faut baisser le taux de sucre dans vos produits (...) »

Qu'à celà ne tienne ! Le 22 juillet, selon France Guyane, il foulait le sol de la Guyane, mais sans Marie Luce Penchard rentrée à Paris. Durée de la visite : Un peu moins de 24H00 !

Motif et chronométrage de la visite : « (...) Xavier Bertrand atterrira d’un vol des Antilles à 19h35. Selon un programme non encore définitif, il rencontrera d’abord les adhérents de l’UMP, à 20h30, au Novotel. A 22 heures, il visitera le service d’accueil des urgences et le centre de télémédecine de l’hôpital de Cayenne.

Demain matin, il découvrira les urgences et la maternité de l’hôpital de Saint- Laurent-du-Maroni. A 10h45, il présidera une réunion sur l’emploi à la sous-préfecture. De retour à Cayenne, il visitera l’Institut Pasteur à 14h30 et signera un accord-cadre Etat-Région d’objectifs et de moyens sur l’apprentissage une heure plus tard. Il décollera pour Paris à 17h50 »

Il en a profité pour donner une interview à France Guyane dans laquelle soumis à de nombreuses et importantes questions de santé, il a répondu, sans rire : « (...) je tiens à vous dire que lorsque je vois l’ensemble des questions qui me sont posées dans cette interview, j’ai vraiment bien fait de venir ici, en Guyane » surtout moins de 24H00 !

Tout ceci ne l'empêchant pas d'être aujourd'hui, comme convenu en : Aquitaine sur le thème de l’emploi et de la santé comme l'indique son agenda officiel puis d'être présent les jeudi 28 & Vendredi 29 juillet en Corse, sur le même thème.

Ce qui lui permettra, dès le 1 août, comme les autres ministres, de prendre ses congés d'été en Corse, sur son lieu habituel de vacances, dans sa propriété dans la région de Balagne, à proximité de Calvi et de l'Ile Rousse

Etonnante façon de se rendre compte des problèmes de nos concitoyens que celle de Xavier Bertrand. Oui, mais nouveau challenge pour son adversaire Jean-François Copé qui va devoir se motiver pour battre ce record aussi insolite ... qu'onéreux !

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Diaporama par People Bo Kay de la visite en Martinique