30 juillet 2013

« 35 projets » de Fillon : Un sommet de banalités et de cadeaux ... au Medef !

Rendu peu audible par le retour annoncé de Nicolas Sarkozy, François Fillon nous livre ses « 35 projets » dont la platitude peine à cacher la montagne de cadeaux offerte aux organisations patronales au cas où il deviendrait Président de la République. Revue de détail.

 

A part ses fans et ses adversaires de l'UMP, peu de gens visitent le site Force Républicaine de François Fillon. Il faut dire que depuis sa mise en place, on pouvait y lire des choses aussi intéressantes que les objectifs qui se résument à :

« Rassembler les Français et aller à la rencontre de tous ceux qui désespèrent de la République et cherchent de nouvelles raisons de s’engager
Fédérer des milliers d’adhérents de toutes professions et de toutes sensibilités pour amplifier notre action
S'engager la reconquête des territoires, avec l’UMP, dès 2014
»

Ou bien découvrir la page de dons destinée à remplir les caisses du micro parti de l'ancien premier ministre devenu au passage, conférencier via sa société « 2F Conseil » pour la modique somme de 30.000 à 50.000 euros. Que voulez-vous, préparer une primaire coûte cher ...

Néanmoins, si figurait dans les objectifs : « Présenter un projet percutant pour la France dès 2016 pour battre la majorité actuelle », on était jusque là bien en peine de trouver la trace d'un projet même anodin. Or, depuis très peu, c'est chose faite, au travers de la mise en ligne de « 35 propositions pour la France » sorte pré programme présidentiel qu'on ne peut pas vraiment qualifier de percutant.
Afin de donner un petit côté démocratique à l'exercice, les internautes peuvent voter pour ou contre chacune d'elles. Sauf que tout le monde sait que ce ne sont que des perfusés qui viennent docilement valider les projets du chef.

Sinon quelles sont les propositions ou projets de l'homme qui se verrait bien à l'Elysée en 2017 ?

Des propositions qui sont des quasi copié/collé des propos du gouvernement actuel

« L’innovation est la clé la croissance et de notre compétitivité. Innover, c’est développer les nouvelles technologies et les nouveaux produits qui assurent des marchés pour nos entreprises; c’est retrouver notre capacité d’exporter.  Je propose de renforcer les investissements d’avenir en concentrant nos efforts sur les secteurs stratégiques qui feront les ruptures de demain : transports du futur, biotechnologies, robots, économies d’énergie, réseaux d’information à très haut débit… Ces investissements d’avenir doivent être articulés avec ceux de nos partenaires européens afin de faire de l’Europe la première place de l’innovation dans le monde »

Des banalités sur l'Europe dont certaines ressemblent à des « YAKA » que François Fillon sait par avance inapplicables.

« Défendre la souveraineté nationale, c’est défendre l’Europe. Etre patriote, c’est voir dans l’Union européenne la seule réponse possible à l’émergence des nouvelles puissances et à l’instabilité du monde. Avec 28 membres, l’Europe doit être conçue sur un fonctionnement à géométrie variable autour de quatre cercles : le moteur franco-allemand, la zone euro, l’Union européenne, les partenaires de l’Union. Au cœur de l'Europe, je propose la création d’un noyau dur autour de la France et de l'Allemagne qui doivent faire converger leurs économies et leurs fiscalités (...) L’Union européenne doit être une place Forte qui sache mieux défendre ses intérêts et protéger ses frontières. Elle doit rester ouverte sur le monde, mais sur la base du donnant-donnant, face à des grands concurrents qui se protègent plus que nous. Je propose l’instauration de règles strictes de réciprocité dans les échanges internationaux, notamment les marchés publics (...) »

Nous vous laissons découvrir les autres, à l'exception toutefois de celles qui devraient réjouir les salariés français. Nous nous sommes amusés à les comparer à celles de Pierre Gattaz, le nouveau Président du Medef. En route pour le « jeu des ressemblances »

Encore une petite banalité pour commencer : « (...) Plongé dans la récession, la priorité des priorités est de créer les conditions de la croissance. Notre pays peut se redresser en travaillant plus, en innovant plus, en se réformant (...) » puis les choses sérieuses commencent

François Fillon : « (...)  je propose la suppression de la durée légale du travail, fixée à 35h, et la capacité donnée aux entreprises et aux salariés de négocier sur le terrain le temps de travail et son organisation »

Pierre Gattaz (Medef) : « (...) Les 35 heures font partie de ces dogmes qu'il faut revoir avec les partenaires sociaux. Le mieux c'est de le faire dans l'entreprise (...)  Le Monde

François Fillon : « (...) Notre coût du travail est supérieur à la moyenne européenne. Le poids des charges vampirise les marges d’investissement de nos entreprises. Je propose une baisse du cout du travail de 6% financée par une hausse de la TVA (...) »

Pierre Gattaz : « (...) Nous sommes aujourd’hui sur un niveau de coût du travail extrêmement élevé et nous demandons un transfert de 50 milliards de charges vers une fiscalité de type TVA et CSG » Medef

François Fillon : « (...) Notre code du travail est l’un des plus étouffants des pays industrialisés. Il dissuade les embauches et paralyse les entrepreneurs. Aujourd’hui le passage de 49 à 50 salariés entraine l’application de 34 législations et réglementations supplémentaires et son montant représente environ 4% de la masse salariale. Je propose que les seuils réglementaires qui régissent la vie des PME soient relevés de 50%

Pierre Gattaz : « (...) Ce que nous souhaitons au Medef ce serait de baisser de 3 à 5% par an le Code du travail, l'ensemble des 85 codes qui régissent la France. Aujourd'hui, nous sommes dans une inflation de codes, de normes, de règlements. A chaque fois quelles sont les victimes ? Ce sont les entreprises. Et quelle est la victime ultime ? C'est l'emploi (...) » Europe1

Quant au relèvement des seuils sociaux, c'est ne n'est,nous apprenait Le Monde en 2008 une nouveauté puisque : « (...) Déjà, en 2003, une proposition de loi signée par une centaine de députés de l'UMP suggérait d'assouplir la législation en dispensant de leurs obligations réglementaires, pendant cinq ans, les entreprises dont les effectifs ne dépasseraient pas de moitié les seuils sociaux de 10, 20 ou 50 salariés.(...) » On pourra d'ailleurs s'étonner que François Fillon qui préconnise cette mesure n'ait pas profité de la période 2007 à 2012 pour l'imposer. 

François Fillon : « (...) Je propose de réformer la formation professionnelle en remplaçant l’indemnisation du chômage par l’indemnisation de la formation. Ce droit à la formation serait encadré par deux contraintes : la dégressivité des allocations chômage pour inciter à la reprise d’activité et l’obligation d’accepter un emploi correspondant à la formation suivi.

Notre marché de l’emploi est trop cloisonné. Je propose la création d’un nouveau  contrat de travail alliant flexibilité et sécurité qui évite les effets de rupture entre CDD et CDI
(...) »

Quelle audace, lorsqu'on sait que les résultats du gouvernement Fillon sur le sujet. En effet, écrivait le site Juritravail, citant les chiffres de la Dares : « (...) Fin mai 2012 (...) Les catégories A, B et C totalisent 4.347.100 demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi, 4.621.000 en incluant les DOM (...) Dans les catégories D et E, 612.900 demandeurs d’emploi sont inscrits à Pôle emploi (...) » Et ça donne des conseils ?

Au fait que dit le Medef au sujet des allocations chômage ? : « (...) les employeurs veulent (...) revisiter en profondeur les conditions d'indemnisation, notamment en rétablissant une dégressivité des allocations pour inciter les chômeurs à reprendre plus rapidement un emploi (...) » Pierre Gattaz étant lui partisan de : (...)  limiter à 2000 euros le montant des allocations mensuelles et à un an la période totale d'indemnisation (...) »

Quant au contrat de travail alliant « flexibilité et sécurité » ce n'est ni plus ni moins que le serpent de mer du contrat de travail unique à droits progressifs. Rappelons qu'il faisait partie des engagements du candidat Sarkozy dont François Fillon était parfaitement au courant et qu'ils se sont dépêchés tous d'eux d'oublier pendant 5 ans !

François Fillon : « (...) Grâce aux réformes, le crash financier de notre régime par répartition a été évité (...) Je propose d’augmenter la durée d’activité en jouant à la fois sur une hausse de l’âge légal de départ en retraite qui doit progressivement atteindre 65 ans et une augmentation de la durée de cotisation (...) »

Parlons en des réformes des retraites organisées par François Fillon et son gouvernement ! Celles de 2003 et 2010 ont été tellement mal ficelées qu'il faut en refaire une dare-dare pour tenter d'équilibrer le système en 2020. Néanmoins, une fois de plus, le copié /collé Gattaz et Fillon est étonnant

Pierre Gattaz : « (...) plaide pour une hausse de la durée des cotisations retraite et un report de l’âge légal à 65 ans (...) La Dépêche

Quant à la capitalisation retraite, une fois de plus François Fillon est en osmose avec le patron du Medef

François Fillon : « Pour sécuriser le système par répartition, le développement d’un troisième étage de retraite par capitalisation est nécessaire.(...) »

Pierre Gattaz : « Il convient de développer la retraite par capitalisation de manière complémentaire au "système cœur" par répartition (...) » Politis

En résumé, un programme social et économique rédigé sur mesures, par les spécialistes du Medef ! Certes, 2017 est encore loin, mais en ce qui concerne François Fillon et son programme, les salariés sont d'ores et déjà prévenus !